Il n’existe pas de liste exhaustive de grandes tendances. Les groupes de réflexion, les sociétés de conseil et les instituts financiers utilisent différentes catégories et fixent eux-mêmes leurs priorités en matière de grandes tendances. swiss-food.ch mène une réflexion sur les grandes tendances qui concernent l’agriculture, la production, la transformation et la réutilisation d’aliments, et l’alimentation. Ceci du point de vue du développement durable et de l’utilisation efficace des ressources globales.

D’après la description fournie par le Zukunftsinstitut, les grandes tendances déterminent l’évolution du monde des décennies durant et ont un impact sur de nombreuses sphères de la société. Elles agissent au niveau mondial et sont multidimensionnelles et complexes. Voici un aperçu des principales grandes tendances que nous évoquons dans le cadre de swiss-food.ch et dans le contexte de la discussion sur la nourriture. Le changement climatique et la pénurie de ressources constituent pour ainsi dire la base de nombreuses grandes tendances, et on les compte parfois aussi parmi les grandes tendances. Ces deux développements ayant une grande signification pour l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, nous les ajoutons à notre liste.

1. Changement climatique

Le changement climatique affecte très directement l’agriculture. Les intempéries et les sécheresses diminuent le rendement. Les surfaces exploitables diminuent en raison de la salinisation et de la désertification, et le réchauffement modifie la végétation. L’eau potable se fait rare, de nouveaux nuisibles et de nouvelles maladies végétales apparaissent (à Pénurie de ressources). Dans le même temps, l’agriculture est responsable en Suisse d’environ 14% des émissions de gaz à effet de serre. L’agriculture peut favoriser la fixation du carbone dans le sol (piégeage du carbone) au moyen de pratiques agricoles respectueuses du climat, apportant une contribution active à la neutralité climatique.

2. Pénurie de ressources

La limitation des ressources est la base et le moteur des activités économiques. La pénurie de ressources exige une grande efficacité. Dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire plus qu’ailleurs, intrants et extrants doivent être en relation; il faut accroître la production en utilisant moins de ressources: «Grow more with less». Sinon, les ressources sont dilapidées et l’occupation des terres est excessive. Les effets de l’inefficacité peuvent se traduire par des pertes d’aliments dans les champs et du gaspillage alimentaire chez le consommateur final. La pénurie de ressources exige un développement durable complet et une pensée circulaire. Le à changement climatique accentue la pression quant à une utilisation efficace des ressources restreintes. Il accélère également la pénurie d’eau. Il pleut moins, de manière moins régulière ou si violente que des inondations se produisent. La hausse des températures associée au manque d’eau et aux inondations est un mélange fatal pour les régions agricoles. Il existe également un lien entre le manque d’eau et les crises alimentaires. Quand l’eau manque dans une région, les agriculteurs sont les premiers à le ressentir.

3. Ecologie

L’écologie n’est pas une niche, mais une vaste tendance. Elle devient un mouvement social et un facteur économique central. Un comportement écologique exige un développement durable global fondé sur des données scientifiques. Du boom du bio à l’économie du partage et au zéro déchet. La grande tendance de l’écologie inclut l’innovation (à Société de la connaissance) de manière impérative, par exemple dans le domaine des biotechnologies et des nouvelles méthodes du génie génétique afin de créer des produits et des solutions durables sur le plan global.

4. Société de la connaissance

Le monde est de plus en plus intelligent. Le niveau de formation augmente dans le monde entier et crée les conditions requises pour une société de la connaissance. Le savoir est disponible à tout moment et consultable numériquement. La mise en réseau (connectivité) augmente également dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaireà ainsi que la disponibilité des connaissances traditionnelles et nouvelles. Les connaissances créent les conditions nécessaires à l’innovation. Le résultat consiste en des gains de productivité et en des systèmes plus durables.

5. Santé

La prise de conscience en matière de santé devient un moteur de la société. Elle a un rayonnement important. La santé devient un objectif de vie et est synonyme de qualité de vie. Elle est étroitement liée à l’activité physique et à une alimentation saine. L’agriculture et le secteur agroalimentaire se concentrent sur cette grande tendance. De nouveaux besoins, par exemple les alternatives végétales, se font jour, celles-ci ayant vocation à être bonnes pour la santé, mais aussi pour l’environnement et toute la planète. La nourriture individualisée comprend des programmes nutritionnels réalisés sur mesure pour chacun et chacune, et incluant des compléments alimentaires.

6. Numérisation

La numérisation ne s’arrête pas à l’agriculture et à l’industrie agroalimentaire. La recherche s’appuie de plus en plus sur des modèles mathématiques. Des nouvelles méthodes de sélection aux drones et aux robots de binage, de nombreuses nouvelles technologies se basent sur des systèmes numériques. En association avec la (–> Connectivité), la numérisation crée les conditions nécessaires à l’intelligence artificielle. Les nouvelles technologies soutiennent un développement durable complet et permettent la prise de décisions basées sur des données et en connaissance de cause, de la culture des champs à la transformation et à la commercialisation jusqu’au consommateur.

7. Connectivité

La connectivité introduit de profonds changements sur la base des infrastructures de transport numériques. Elle transforme la planète en un immense village. Les structures économiques mondiales et les relations sociales gagnent en importance. De nouveaux modèles d’affaires apparaissent. L’agriculture et l’industrie agroalimentaire deviennent elles aussi plus internationales: grâce à des transports moins onéreux, les aliments peuvent être importés de partout. La question de savoir où on peut produire quoi en utilisant les ressources le plus efficacement (à Pénurie de ressources) et de la manière la plus respectueuse du climat (àChangement climatique) gagne en importance et avec elle la demande de normes pour mesurer le développement durable complet.

8. Démographie

La population mondiale croît. L’ONU s’attend à ce que 9,7 milliards d’êtres humains vivent sur la planète d’ici à 2050. De plus, l’espérance de vie augmente. Il faut nourrir toutes ces personnes. Cette évolution associée au à changement climatique place les systèmes d’alimentation face à d’importants défis. Il faut que l’agriculture gagne en productivité. Dans le même temps, le climat, les sols et la biodiversité doivent être protégés. Il est également nécessaire de développer de nouvelles habitudes alimentaires et de nouvelles formes de production de denrées alimentaires. Les mots clés sont l’agriculture régénérative et les compléments alimentaires.

9. Urbanisation

L’urbanisation a lieu dans le monde entier à un rythme à couper le souffle. Les Nations Unies estiment qu’en 2050, 70% de la population vivra en ville.

Nombre d’entre elles sont des «mégacités» de plus de 10 millions d’habitants. Cette évolution place l’approvisionnement de la population en produits agricoles face à de nouveaux défis. De nouvelles formes de production agricole telles que l’agriculture urbaine (urban farming) permettent d’approvisionner au moins partiellement la population des villes. L’addition de nutriments et les aliments élaborés en laboratoire joueront un rôle plus important. Les mots-clés dans ce domaine sont les sources alternatives de protéines telles que les aliments ou le fourrage à base de plantes, d’insectes ou d’algues ou encore la viande de laboratoire. Dans le même temps, il faut faire en sorte de conserver l’attractivité des métiers agricoles pour les jeunes hommes et femmes dans les régions rurales afin de nourrir les citadins.

10. Mondialisation

La mondialisation décrit la convergence de la population mondiale et des systèmes économiques. Tout se produit en même temps en interagissant. La division du travail et l’échange d’idées et de marchandises sont en augmentation. La mondialisation désigne une simultanéité de la planète. Elle concerne aussi l’agriculture et l’industrie agroalimentaire: le commerce mondial et le à changement climatique entraînent des migrations d’organismes nuisibles qui prennent au dépourvu les surfaces consacrées à la biodiversité et à l’agriculture. Une pandémie comme celle du COVID-19 a pu se propager plus rapidement en raison de la mondialisation. La grande tendance de la mondialisation sera certainement quelque peu freinée par cette pandémie et par les politiques des différents Etats. Elle ne pourra vraisemblablement être inversée en raison des avantages comparatifs fournis par la division du travail et par la mise en réseau internationale (à Connectivité).

11. Monde multipolaire

A la fin de la guerre froide, les E-U et l’Occident dominaient le monde. Mais celui-ci change. La Chine et, loin derrière, l’Inde se développent en devenant des moteurs économiques et de grandes puissances. D’autres pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud ont une population plus jeune que le «vieux» monde et donc un fort potentiel de développement. Le monde devient multipolaire.