
Protection hightech des plantes: «Le GPS au lieu de la mousse anti-incendie»
Les progrès techniques et la numérisation envahissent aussi l'agriculture. Grâce à la haute technologie, la protection des plantes devient de plus en plus efficace. Pour le plus grand bien de l’environnement. Nous avons accompagné Werner Rüttimann, un agro-entrepreneur qui soutient les agriculteurs dans le domaine de la protection des plantes.
mercredi 29 janvier 2020
L'essentiel en bref
- La numérisation fait également son entrée dans l’agriculture.
- L’utilisation de produits phytosanitaires se fait aujourd'hui à l'aide de logiciels et de GPS.
- Les agriculteurs et l’environnement profitent également d’une application de haute précision.
Lorsque Werner Rüttimann se voit confier une mission de protection des plantes, il ne prend pas aussitôt place à bord de son véhicule. Il commence par traverser le champ à traiter à pied. Il contrôle l’état des cultures ou la vague de dommages due aux ravageurs pour connaître le meilleur moment pour intervenir. Car c’est uniquement à ce moment que l'utilisation des produits phytosanitaires a un sens. De retour du champ, il passe au travail sur ordinateur. Chaque intervention est minutieusement planifiée, à la manière un peu d’un vol de ligne. Les temps où les agriculteurs épandaient leurs produits plus ou moins à vue d’œil sont révolus depuis longtemps. La mission est planifiée à l'aide d'un logiciel ad hoc qui livre une base de planification précise à partir des interventions déjà réalisées dans ce même champ et de Google Maps. Le but est de ne pas utiliser plus de produits que nécessaire. «Outre l’économie d’argent pour l'agriculteur, cette planification minutieuse vise en premier lieu la minimisation de l’impact sur l'environnement», explique Werner Rüttimann.
Haute précision grâce au GPS
Une fois que la quantité à remplir a été calculée, que le produit a été transvasé dans les règles et que le véhicule a été contrôlé, M. Rüttimann s'installe à bord puis démarre. Alors qu’autrefois on préparait les pulvérisateurs en évacuant l'eau de nettoyage contaminée, souvent avant de rejoindre les champs, ceux-ci sont désormais prêts à être utilisés dès la première seconde grâce à un système en circuit fermé. Pour le bien de l'environnement. L'épandage lui-même est assisté par ordinateur et de ce fait très précis. Le guidage GPS et la possibilité d'activer et de désactiver différentes buses à l’aide de l’informatique permettent d'éviter presque totalement les chevauchements inutiles. «Dans le passé, nous utilisions de la mousse anti-incendie pour marquer les zones déjà traitées. Grâce au GPS, le véhicule avance presque au centimètre près. Le logiciel garantit que seules les buses vraiment nécessaires sont activées», se réjouit M. Rüttimann à propos de ces avancées techniques majeures.
Presque comme un cockpit d'avion
Mais le GPS n'est de loin pas le seul instrument à disposition. Aujourd’hui, la cabine d’un véhicule de pulvérisation a bien des ressemblances avec le cockpit d’un avion. Divers écrans servent à contrôler et surveiller les pulvérisations. On utilise par exemple des ultrasons, des hygromètres ou des anémomètres, le tout sur une base numérique bien sûr. «Cela nous permet d’accroître l'efficacité. Si, par exemple, l'hygromètre indique que l'air est trop sec, nous interrompons le traitement. Les ultrasons sont utilisés pour conserver une distance idéale par rapport au sol ou aux plantes. Trop de vent est une autre raison de reporter notre intervention.» Toute cette technologie contribue à protéger l'environnement. Le recours à un logiciel de commande moderne offre des gains d’efficacité supplémentaires. Il garantit que la quantité de produits calculée est épandue avec régularité et précision jusqu'à la dernière goutte, en fonction de la vitesse du véhicule et des influences environnementales. Grâce aux ultrasons et au GPS, il est aujourd’hui possible de travailler la nuit avec exactement la même précision que le jour. Les interventions de nuit permettent de protéger certaines espèces d'insectes, les abeilles en particulier.
Une application ciblée plutôt qu’un nuage de pesticides
Le plus grand progrès technique de ces dernières années concerne la technologie des buses. Depuis quelques années, les simples buses à jet plat cèdent peu à peu la place à des buses modernes à injection. Avec leurs gouttes plus grosses, ces buses sont beaucoup moins sensibles au vent, qui permet d'éviter presque totalement le phénomène de dérive, soit l’application de produits phytosanitaires en dehors de la zone à traiter. Les buses à injection permettent également une meilleure pénétration, ce qui accroît l’efficacité. Même le profane reconnaît ces progrès techniques: alors que le véhicule de pulvérisation traînait autrefois un fin brouillard derrière lui, avec les systèmes modernes, le produit pulvérisé est à peine visible à l'œil nu.
Le développement pour le bien de l'environnement se poursuit
Le progrès technique et la numérisation réduisent les besoins en pesticides de manière significative. C’est particulièrement bénéfique pour l'environnement. Mais d’autres progrès sont à venir et il faut s'attendre à ce qu'il soit possible de travailler encore plus efficacement à l'avenir. «Un grand potentiel serait que tous les agriculteurs basculent vers la technique ultramoderne. Ce qui donnera de nouvelles impulsions pour plus d’efficacité dans les années à venir», nous confie M. Rüttimann. Avant de partir nettoyer son équipement de façon professionnelle et écologique sur une place de lavage dernier cri. Cette étape-là, c'est encore du solide travail à la main. Pour l'instant.
Articles similaires

Combattre la désinformation, c'est comme essayer de rassembler des chats
La science-fiction a tendance à se faire passer pour des faits scientifiques, jusqu'à ce que quelqu'un comme moi vienne avec un tas de preuves irréfutables. Mais soyons réalistes : démystifier les absurdités demande bien plus d'efforts que de les produire. Jonathan Swift le savait en 1710, et me voilà, des siècles plus tard, toujours en train de dire la vérité avant que la prochaine désinformation virale ne fasse des ravages.

La protection du climat ne doit pas compromettre la sécurité alimentaire
L'agriculture est soumise à une pression croissante pour devenir climatiquement neutre. Mais comment y parvenir sans compromettre la sécurité alimentaire ? Dans le podcast sur la politique agricole, Hannah von Ballmoos-Hofer, responsable du département Énergie de l'Union suisse des paysans, souligne que la protection du climat est importante, mais qu'elle ne doit pas se faire au détriment de la sécurité alimentaire.

Tradition et innovation vont de pair en matière d'alimentation
L'étude «Decoding Food Culture» de l'Institut Gottlieb Duttweiler montre à quel point la culture alimentaire façonne notre vie. C'est pourquoi il est difficile de trouver un équilibre entre tradition et innovation pour faire évoluer les habitudes alimentaires.

Le danger sous-estimé des toxines végétales
Les plantes produisent une multitude de substances chimiques pour se protéger, par exemple, contre les prédateurs et les maladies. Ces substances peuvent être toxiques à fortes doses. Une étude récente d'Agroscope met en lumière le danger des substances naturelles dans les eaux suisses.