S’agissant des produits phytosanitaires, on croit souvent que le naturel, c’est bon, et que ce qui est chimique est mauvais. Cela se reflète également dans l’initiative contre les pesticides, qui voudrait interdire tous les pesticides de synthèse. Cette argumentation en noir ou blanc est incorrecte et irréfléchie.
De nombreux produits phytosanitaires de synthèse sont identiques aux naturels. Prenons l’exemple des phéromones. On appelle ainsi les substances chimiques qui, chez les insectes notamment, agissent comme des messages entre individus d’une même espèce. En agriculture, elles sont utilisées pour lutter contre les ravageurs. Les phéromones disponibles dans le commerce sont des substances obtenues par synthèse. Les composés fabriqués en laboratoire ont la même structure moléculaire que les substances naturelles.
Ces exemples suffisent déjà pour réfuter les affirmations selon lesquelles toutes les substances de synthèse, autrement dit la «chimie», seraient toxiques. S’ils sont correctement utilisés, même des produits phytosanitaires potentiellement dangereux, de synthèse ou dérivés de la nature, sont sans danger pour l’être humain, l’animal et l’environnement. Inversement, des substances naturelles comme les produits à base de cuivre, très prisés dans l’agriculture biologique, peuvent être très toxiques en cas d’usage non conforme. Le sulfate de cuivre, par exemple, n’agit pas seulement contre les parasites. Il peut être dangereux aussi pour l’homme.
Au lieu de monter la «nature» contre la «chimie», nous ferions mieux de nous concentrer sur l’application responsable de tous les produits phytosanitaires modernes. L’agriculture suisse peut être considérée comme exemplaire à cet égard. Elle emploie les produits phytosanitaires avec prudence et efficacité et utilise parfois beaucoup moins de produit par hectare que dans de nombreux pays européens. Une étude d’Agroscope montre par exemple que la Suisse en utilise 40% de moins qu’en Allemagne.
Les chiffres sur les contrôles des denrées alimentaires montrent également l’utilisation mesurée qui est faite en Suisse. Entre 1% et 2% seulement des échantillons d’origine suisse sont contestés. Pour les aliments en provenance d’Asie, le taux est d’environ 30%. La plupart des contestations concernent des cas au-dessous des valeurs limites. Il convient de préciser qu’en Suisse, seules les denrées alimentaires susceptibles de compromettre la sécurité alimentaire sont contrôlées. Rapporté à l’ensemble de la production agricole suisse, le taux de contestations serait donc probablement encore plus bas.
Les faits
La chimie est généralement associée à la fabrication de substances par des procédés synthétiques. La synthèse désigne le procédé par lequel on obtient un composé à partir d’éléments, ou une nouvelle substance à partir de composés. Cela n’a rien de toxique. Les substances naturelles aussi peuvent être produites de manière synthétique. On dit d’ailleurs de nombreux produits phytosanitaires de synthèse qu’ils sont identiques aux naturels.