Industry research for large-scale sustainability
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12.04.2023

La carotte et le bâton


Chère lectrice, cher lecteur,

Nous espérons que vous avez profité du week-end de Pâques. Un week-end où vous avez peut-être forcé sur le chocolat. Et dégusté des œufs de Pâques agrémentés d’une bonne dose de sel, relevés qui sait d’un peu de mayonnaise. C’est vous qui décidiez. Car oui, finalement, c’étaient fêtes. En termes de santé publique, en revanche, la période pascale était loin d’être idéale. Le sucre et le sel, en particulier, sont dans le viseur des autorités de santé publique. Personne ne le conteste : l’excès de sucre et de sel nuit à la santé. L’interventionnisme politique soulève néanmoins la question de la liberté et de la responsabilité individuelle. Du côté de l’économie, on plaide pour une politique de prévention modérée dans le cadre d’une alliance placée sous l’égide de l’Union suisse des arts et métiers (USAM). L’assocation a publié récemment une prise de position sur la politique de prévention et sa traque au sucre, au sel et aux matières grasses. Selon l’USAM, la politique de prévention revient à instrumentaliser les producteurs et à infantiliser les consommateurs.
Qui aimerait être mis sous tutelle ? La tutelle n’est rien d’autre que du paternalisme. La réunion de l’autorité et de la protection. La pupille doit se plier, car c’est pour son bien. Et voilà comment, au nom de la prévention, l’État peut aller jusqu’à s’en prendre aux lapins et aux œufs de Pâques.

Certes, c’est pour notre bien que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autorités de santé publique cherchent à influencer notre consommation. Qui plus est, il n’y a rien à objecter à une politique d’information objective. L’économie de marché se fonde sur des décisions éclairées des consommateurs. Encourager les connaissances en alimentation a toujours été un but. Mais il est rare que les autorités s’en tiennent là. Elles cherchent des voies pour que les consommateurs et les producteurs respectent des recommandations bien intentionnées. L’État tuteur veut s’imposer. Il lance des propositions à tout-va qui vont des règles pour les emballages à de nouveaux impôts et nouvelles interdictions. Pour nous amener à prendre la « bonne » direction.

Le sucre est un bon exemple de ces discussions. Une consommation excessive de sucre nuit à la santé. C’est un fait. Appeler à réduire la consommation de sucre a du sens et part d’une bonne intention. La traque au sucre menée par l’Etat laisse cependant aussi un arrière-goût amer. La « SonntagsZeitung » a consacré à ce sujet une série d’articles dont nous avons rendu compte sur notre site. Certains voudraient que le tigre qui orne les emballages de céréales du petit-déjeuner disparaisse. Les Saint-Nicolas en chocolat n’auront plus de visage, comme au Chili. Car des Saint-Nicolas tout sourire et les animaux utilisés comme mascotte par les fabricants pourraient, selon la crainte des autorités, encourager la consommation de sucre. Les lapins de Pâques aussi risquent de faire les frais de la politique tutélaire à la petite semaine des autorités.

La première victime est la publicité. En Allemagne, les restrictions publicitaires à l’encontre des produits sucrés pourraient être plus sévères que celles qui s’appliquent aux annonces érotiques et à la publicité pour les jeux de hasard. En Suisse, la culture de la betterave est régulièrement la cible de critiques. Pourquoi, argumentent les détracteurs de la betterave sucrière, faudrait-il soutenir la production d’un aliment mauvais pour la santé à coup de subventions ? La critique peut paraître bien intentionnée. Mais pour le sucre comme pour le reste, l’adage qui dit que la quantité fait le poison reste d’actualité. Condamner sans discernement le sucre, c’est oublier qu’il a aussi des arguments en sa faveur.

Le sucre est un fournisseur d’énergie et un conservateur, comme le savent tous les amateurs de confiture maison. La Suisse dispose même de réserves obligatoires de sucre pour les périodes de crise. De nombreux agriculteurs apprécient la betterave dans la rotation des cultures. Les racines de la betterave s’enfoncent profondément dans le sol, ce qui a pour effet d’assouplir les couches profondes du sol. La culture de la betterave diminue le risque de maladies cryptogamiques lorsque le champ est planté ensuite en céréales. Sachant cela, un minimum d’autosuffisance et le maintien du savoir-faire dans la culture de la betterave sucrière paraissent des revendications légitimes. En outre, le combat que mène l’État contre la consommation de sucre, tout en soutenant en parallèle la culture de la betterave, a quelque chose de schizophrénique. Claudia Wirz a très bien relevé la contradiction dans une tribune publiée dans la NZZ.

L’État a pour tâche de définir un cadre de libertés. Lorsqu’il menace les producteurs de prendre des mesures, les « mesures librement consenties » ne le sont plus tant que ça. La microgestion tutélaire de l’État devient de plus en plus créative. Le système juridique suisse connaît la Constitution, les lois et les ordonnances. L’administration depuis quelques ans connaît pour sa part aussi les plans d’action. Grâce à eux, il est possible d’exaucer des rêves politiques sans passer par la voie contraignante du Parlement ou du scrutin populaire. Le « Plan d’action pour une économie verte » se poursuit allégrement, bien que l’initiative populaire correspondante « pour une économie verte » ait été rejetée sèchement par le peuple et les cantons en 2016 à 64% des voix. Pour légitimer des décisions, l’État institue parfois aussi des conseils citoyens au lieu de se tourner vers les instruments établis, mais plus fastidieux, de la consultation démocratique.

Pour que nous puissions apprécier les fêtes de Pâques et nos aliments malgré la raréfaction des ressources, il faut des innovations dans l’industrie et l’agriculture et un environnement favorable à la créativité. La science recherche l’œuf du futur. Il n’est toutefois pas sûr qu’il sera au rendez-vous lors des prochaines fêtes de Pâques. Car ni le mélange d’œufs végétal, ni l’œuf dur sans coquille ne conviennent pour la chasse aux œufs. Malgré toutes ses promesses, l’innovation n’y pourra rien : il faudra toujours des poules pour passer de joyeuses fêtes de Pâques. Quant à la quantité de sel ou de sucre pour les œufs et les gâteaux de Pâques, elle est laissée à votre appréciation.

La rédaction de swiss-food

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