Industry research for large-scale sustainability
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29.12.2021

La durabilité implique une liberté technologique

Durant les six mois qui ont précédé les votations sur les initiatives anti-pesticides en juin dernier, SMD (Schweizer Mediendatenbank) a enregistré, avec près de 3500 publications, sept fois plus d’articles contenant à la fois les mots-clés «eau potable» et «pesticides» que pendant les six mois suivants (avec encore quelque 500 publications). Et pourtant, dans les faits, rien n’a changé. Cet exemple illustre à quel point l’attention des médias est influencée par l’actualité politique ainsi que par une gestion ciblée des campagnes.

Avant une votation populaire, l’intérêt porté aux thèmes faisant l’objet de la votation est particulièrement important, pour des raisons institutionnelles. Mais il est aussi possible de «souffler sur les braises». C'est ce qu'a sans aucun doute fait la décision des autorités, l'année précédant la votation, de qualifier soudainement de «pertinents» tous les métabolites du produit fongique chlorothalonil dans l'eau, à rebours de leur propre examen de pertinence. C’est cette décision qui a permis à des médias comme «SRF» de titrer: «Pesticide cancérigène dans l’eau potable suisse». Ce genre d’articles répandent craintes et insécurité parmi la population. Et l’Eawag (Institut Fédéral Suisse des Sciences et Technologies de l’Eau) a beau affirmer sur son site Internet que «l’eau déclarée potable distribuée au robinet en Suisse peut être consommée en toute confiance», il ne fait pas le poids face à de telles allégations. Pas plus que le registre suisse du cancer lorsqu’il constate que le risque de développer un cancer est resté pratiquement inchangé chez les femmes et a même légèrement baissé chez les hommes entre 2003 et 2017. Le risque de décéder d’un cancer diminue lui aussi, chez les hommes comme chez les femmes. Il est essentiel que les autorités s’en tiennent aux faits sans prendre part à la course au scandale, comme cela a malheureusement déjà été le cas. L’enjeu consiste à bien analyser la situation et à bien informer – à l’image de ce qui se passe actuellement dans le cadre de la pandémie.

Malgré tout le sentimentalisme invoqué, le 13 juin dernier, le peuple et les cantons se sont très nettement prononcés en faveur de la protection de la production régionale au moyen de produits phytosanitaires. L’été froid et humide qui a suivi a d’ailleurs prouvé que le danger représenté par les maladies fongiques et les nuisibles pour les cultures reste bien réel. La protection phytosanitaire restera nécessaire à l’avenir pour empêcher un gaspillage alimentaire excessif dans les champs ou les cultures de fruits. Sans elle, la production locale sera anéantie et remplacée par des importations.

Bien entendu, il conviendra de réduire encore les risques induits par les produits phytosanitaires dans le futur. Cela vaut pour tous les types de cultures, qu’elles soient bio ou conventionnelles. L’industrie de la recherche procède à des évaluations relatives à l’amélioration permanente de ses produits et est capable de trouver de nouvelles solutions. Elle est donc l’un des moteurs de la réduction de ces risques, sur une base scientifique et avec la possibilité de moduler les solutions en fonction des défis mondiaux.

L’année 2021 nous a appris qu’il fallait avoir une vision globale de la durabilité. La durabilité implique d’une part une composante temporelle. D’autre part, elle revêt une dimension écologique, économique et sociale. Les nouvelles technologies jouent un rôle central dans les efforts fournis pour développer la durabilité. Au XXIe siècle, les cultivateurs de pommes de terre auront besoin de plus que du cuivre pour lutter contre le mildiou dévastateur. Dans ce contexte, l’édition génomique constitue une fabuleuse opportunité. Pourtant, ses détracteurs continuent d’opposer des arguments complètement dépassés au développement plus précis de méthodes de sélection traditionnelles. À l’occasion de sa session d’hiver, le Conseil des États a néanmoins franchi un pas audacieux. Il reviendra désormais au Conseil national de prendre le train en marche l’année prochaine.

Comme les débats du Conseil des États l’ont à juste titre fait remarquer, le Parlement «ne devra plus céder à la tentation d’aller plus vite que la musique, au risque de perdre les pédales». C’est ce qui est arrivé avec l’initiative parlementaire, qui a conduit, au terme d’un tapage médiatique évoqué en introduction, à une règlementation excessive dans le domaine de la protection phytosanitaire. Pour autant, le Conseil national devra «sensiblement augmenter la cadence» en matière de développement de la sélection végétale, afin de donner suite au premier pas vers une ouverture effectué par le Conseil des États. À l’heure du changement climatique, il faut que les variétés éprouvées et les plus prisées puissent continuer d’être cultivées en Suisse.

Pour la nouvelle année qui s’annonce, les grandes tendances en termes d’agriculture et d’alimentation peuvent constituer de précieux repères. Et des repères, il en faut: après la suspension de la Politique agricole 22+ au Parlement, la sphère politique va désormais devoir réfléchir à l’orientation future qu’elle souhaite donner à la politique agricole et alimentaire. Les débats menés l’an passé l’ont montré: il est facile de trouver des concepts simples mais en définitive inadéquats. Le problème? Ils reposent souvent sur une idéologie ou des grands principes, et non sur des faits et évidences scientifiques. Néanmoins, la politique agricole et alimentaire reste de la politique. Elle est indissociable des intérêts de chacun. C’est pourquoi il est d’autant plus important que les décisions ne soient pas prises sans évaluation de l’impact. Il faut anticiper et formuler clairement les conséquences probables des réglementations envisagées. L’Union européenne en a d’ailleurs fait l’expérience. Alors que la Commission a d’abord refusé de procéder à une analyse détaillée des conséquences de la stratégie dite «Farm to Fork», le Parlement européen vient lui d’exiger une évaluation scientifique de son impact. Trois études se sont chargées de générer la pression nécessaire. Elles montrent qu’avec le «Green Deal», la production dans l’UE baisse, les importations et les prix pour les consommateurs augmentent, les revenus des agriculteurs diminuent et l’utilisation de terrain progresse à l’échelle mondiale. Les autorités ne devraient-elles pas d’elles-mêmes se procurer de telles informations et en tenir compte avant de prendre des décisions aussi importantes? La Suisse doit elle aussi en tirer les enseignements: les débats autour de la politique agricole et alimentaire doivent reposer sur des évaluations indépendantes, scientifiques et complètes des conséquences des règlementations envisagées. De même, ils nécessitent, comme l’a requis le Parlement européen, un dialogue structuré visant à identifier les lacunes, les opportunités et les enjeux de la mise en œuvre de la politique alimentaire, et visant à développer une compréhension commune de la durabilité.

Les expériences de 2021 permettront de tirer des conclusions pour l’année à venir. Un débat qui ne prendrait en considération que les risques des produits phytosanitaires resterait très unilatéral. Il faut aussi tenir compte des risques qu’engendre l’absence d’utilisation de ces produits. Sans protection phytosanitaire, 2021 serait une année de famine – et les récoltes seraient trop faibles pour nourrir la population mondiale, même lors d'années de culture plus simples. La protection phytosanitaire permet d’éviter aux récoltes et stocks certaines maladies. Une attaque fongique entraîne par exemple l’apparition de mycotoxines cancérigènes dans le blé. Jadis, les hommes mouraient de l’ergot et des moisissures présentes sur les plantes. Mais nous semblons l’avoir complètement oublié. Tout comme nous omettons volontiers que ce sont les vaccins qui ont permis d’éradiquer la poliomyélite infantile ou encore la variole. La recrudescence des mycotoxines dans la production céréalière est due à une mauvaise interprétation de la stratégie de réduction des produits phytosanitaires. La sécurité des produits alimentaires diminue. Et si les produits récoltés ne sont pas adaptés au stockage, le gaspillage alimentaire augmente en conséquence.

L’alimentation végétale restera l’une des grandes tendances de 2022. Mais une hausse des produits alimentaires végétaux avec une diminution parallèle de la consommation de ressources ne va pas sans un recours accru à la protection phytosanitaire. Croire le contraire relève de l’illusion. La protection phytosanitaire doit impérativement s’améliorer encore et encore. Son action doit être toujours plus ciblée et globalement plus respectueuse de l’environnement. Hélas, les innovations sont freinées au lieu d’être encouragées. Avec leur droit de recours, les organisations environnementales bloquent le processus d’autorisation. Ce, alors même qu’il est évident que l’absence d’utilisation de produits phytosanitaires synthétiques efficaces et de substances biologiques modernes nuit énormément à la productivité des cultures spéciales comme les légumes et les fruits. Alors même qu’elle ne fait qu’augmenter la consommation nationale et les importations, comme l’ont montré les études de l’UE.

Pour 2022, l’industrie de la recherche a un vœu tout à fait décisif: l’ouverture technologique. Quand même de prétendus «experts» revendiquent une production «non chimique», on croit parfois à un mauvais film. Indépendamment du fait que la nature en tant que telle, et l’humain lui-même, sont de la chimie, on occulte complètement que les produits de synthèse au sens large peuvent être plus durables et plus respectueux des ressources que la production basée sur des sources naturelles. Les ressources naturelles ne sont tout simplement pas assez nombreuses pour revendiquer un «nature based» intégral! Les solutions durables proviendront – et devront provenir – de plus en plus souvent des laboratoires. Une durabilité globale ne tolère pas d’œillères. La durabilité implique une liberté technologique. En 2022 aussi.

La rédaction de swiss-food vous souhaite une bonne et heureuse année!

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