Industry research for large-scale sustainability
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03.10.2022

Un regard biaisé sur la sécurité alimentaire


Chère lectrice, cher lecteur,

C’est une chose que nous savons, mais comme souvent le fait d’en être conscients ne nous est pas d’une grande aide. Dans de nombreux cas, l’être humain évalue mal les risques. Nous avons peur de prendre l’avions, mais circulons à vélo sans porter de casque. Nous nous méfions des produits chimiques et sous-estimons en même temps les dangers naturels. Ces biais façonnent également notre perception des produits phytosanitaires. Ces erreurs d’appréciation sont souvent exploitées sans gêne par les opposants aux pesticides. Le professeur de l’EPFZ Michael Siegrist, spécialiste des comportements de consommation, étudie ces mécanismes. Même en présence infime, et sans fondement aucun, des substances chimiques sont considérées comme dangereuses. Généralement, les non-spécialistes éludent la question de la dose. Que la dose fait le poison, comme l’avait découvert Paracelse, est un fait qui est totalement occulté. Simultanément, nous sommes convaincus que le naturel est bon pour la santé. Et oublions qu’il y a 150 ans à peine, les gens mouraient pour avoir consommé des céréales avariés.

C’est une simple réalité: un produit «naturel» ne signifie pas qu’il soit sûr et sain. En fait, les produits vantés par le commerce de détail comme étant particulièrement sains, sont plus souvent retirés des rayons que les produits conventionnels. En cause, les substances toxiques qui contaminent les récoltes ou qui sont dues à des moisissures, comme l’a rappelé un article récent de la «Sonntagszeitung». Leur contrôle dans l’agriculture bio est plus difficile que dans l’agriculture conventionnelle. Un rappel récent visait par exemple des chips de maïs contaminées aux alcaloïdes tropaniques. Depuis 2020, plus de 20% des produits ayant fait l’objet d’une mise en garde de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) étaient bio. Ce taux est important lorsque l’on sait que la part de marché du bio est de 10,9%. Dans la réalité, il pourrait même être encore plus élevé, car l’OFAS n'annonce pas toujours si le produit visé par un rappel est bio ou non. Comme le conclut le pionnier du bio Urs Niggli: «D’une manière générale, le risque en matière de sécurité alimentaire est plus élevé dans l’agriculture bio.»

De fait: le contrôle des moisissures pathogènes est plus difficile dans les produits bio. Des aliments sûrs et sains ne vont pas de soi, y compris en Suisse. Il arrive souvent que la Listeria ou des norovirus se retrouvent dans des produits alimentaires. Les mycotoxines qui sont produites par des moisissures pathogènes sont particulièrement redoutées en raison de leurs effets cancerogènes. Selon le Consumer Choice Center, chaque année en Europe, elles sont responsables de dizaines de milliers de décès par cancer du foie. Dans les pays en développement, le problème atteint des proportions endémiques. Des experts estiment que les aliments contaminés à l’aflatoxine, une mycotoxine produite par certaines moisissures, tuent plus que la malaria et la tuberculose. En Afrique, environ 40% des décès par cancer du foie sont liés à la consommation de denrées alimentées contaminées à l’aflatoxine. Le plus tragique, c’est qu’il existe des moyens de lutte efficaces contre l’aflatoxine: il s’agit des fongicides. Renoncer à les utiliser sans proposer d’alternative, c’est menacer des vies humaines. Dans la sécurité alimentaire, le problème vient non pas de la correcte utilisation des pesticides, mais de la non-utilisation de ceux-ci.

Les produits phytosanitaires de synthèse apportent une contribution importante à la sécurité alimentaire. Bien sûr, ce constat ne doit pas s’entendre comme un blanc-seing à l’utilisation des produits chimiques. En cas d’application incorrecte, les pesticides comportent des risques. Dans une application professionnelle, il en faut «aussi peu que possible, autant que nécessaire». Ces exemples montrent qu’une protection phytosanitaire responsable ne se réduit pas à l’équation simpliste «le bio est bon, les produits phytosanitaires sont mauvais», d’autant que l’agriculture bio utilise aussi des produits phytosanitaires, y compris synthétique. Mais manifestement trop peu pour éviter efficacement les contaminations et donc les risques pour les consommateurs.

Outre la sécurité alimentaire, la sécurité de l’approvisionnement est un autre sujet de préoccupation. Comme le rapporte Infosperber, une vague de chaleur a provoqué de gros dégâts en août dernier en Chine. Le changement climatique met fortement à mal l’agriculture et le reste de l’économie. La sécurité de l’approvisionnement alimentaire est aussi un sujet de discussion sous la Coupole à Berne. Lors d’une récente session extraordinaire, le Conseil des États s’est saisi de la question. La Suisse obtiendra toujours assez de produits alimentaires, a souligné le député au Conseil des États Beat Rieder dans l’Aargauer Zeitung. Mais ces importations revêtent un aspect non solidaire, a laissé entendre le Valaisan. Sur les marchés mondiaux, notre pays fait concurrence à des pays plus pauvres. C’est pourquoi la productivité de l’agriculture suisse compte aussi.

Les risques posés par des produits phytosanitaires appliqués correctement sont faibles comparés à des produits alimentaires contaminés ou à des pertes de récolte. Chaque année dans le monde, environ 600 millions de personnes souffrent de maladies transmises par des aliments. En revanche, les produits phytosanitaires sont des substances qui ont fait l’objet de contrôles rigoureux et qui sont inoffensives à faible dose. Les résidus de pesticides mesurés dans l’alimentation sont un sujet prisé des médias. Le fait que les quantités mesurées se trouvent la plupart du temps au-dessous des valeurs qui pourraient porter atteinte à la santé est souvent passé sous silence.

Dans la famille des pesticides, on trouve aussi les biocides, soit les nettoyants et les désinfectants très importants aussi bien pour le bien-être animal que dans la transformation agroalimentaire. Les conclusions de l’entretien Swiss-Food de l’année dernière étaient implacables: «Sans les biocides, le bien-être des animaux et la sécurité alimentaire souffrent». Depuis la crise du coronavirus, plus personne ne doute que les désinfectants tiennent les germes à distance. Dans la production agroalimentaire, c’est encore plus vrai qu’ailleurs. Sans les pesticides, il ne serait plus possible de produire des boissons sucrées en bouteilles de PET, du vin, de la viande des Grisons, du salami ou du jambon cru.

La protection phytosanitaire professionnelle et les biocides sont indispensables pour la santé publique. Au siècle dernier, l’espérance de vie humaine a augmenté de 30 ans environ. Cette élévation de l’espérance de vie s’explique aussi par l’utilisation des pesticides. Ils nous protègent de multiples manières contre les maladies et apportent une contribution importante à l’amélioration de la santé publique. Compte tenu de leur contribution à la sécurité alimentaire, les pesticides sont aussi une «technologie civilisatrice», comme l’a martelé dans un exposé remarquable le professeur Andreas von Tiedemann de l’Université de Göttingen. De fait, la sécurité alimentaire fait partie des dix arguments en faveur de l’utilisation des produits phytosanitaires.

Notre regard sur la sécurité alimentaire est parfois biaisé. Les campagnes de marketing et les comptes rendus des médias ne font qu’embuer encore plus notre vision. C’est pourquoi il est essentiel que la politique se dégage de ce brouillard. Nos produits alimentaires sont sûrs. Les innovations de la chimie et les progrès techniques y ont contribué de manière déterminante. Il faudra s’en souvenir lors des discussions sur la politique agricole (PA22+). L’ouverture aux technologies porteuses d’avenir et une réglementation factuelle sont un impératif pour éviter de faire courir inutilement des risques à notre santé.


La rédaction de Swiss-Food

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