Selon Bio Suisse, la part du bio à la surface agricole utile totale se monte à 16,2%. Elle est un peu plus faible dans les régions maraîchères ou sur le Plateau. Pour simplifier, on peut dire qu’une parcelle sur dix en Suisse est cultivée selon les règles de l’agriculture biologique. Cela signifie, a contrario, que les neuf autres parcelles dans son environnement immédiat sont exploitées à l’aide de plus ou moins de produits phytosanitaires de synthèse.
Protection intégrale gratuite des cultures bio
Les parcelles exploitées en mode conventionnel ou selon les prestations écologiques requises (PER) offrent une forte protection environnante aux surfaces bio. Concrètement, cela signifie: moins de mauvaises herbes et moins d’insectes nuisibles, et un risque diminué de maladies fongiques. Les agriculteurs bio reçoivent cette protection intégrale gratuitement. Sans la protection provenant des modes d’exploitation PER et conventionnel, on verrait proliférer les maladies phytosanitaires et les ravageurs. Une maladie fongique sur un champ à Genève pourrait se propager d’un bout à l’autre du Plateau jusqu’à St. Margrethen. Un phénomène comparable se produit avec les vaccins: les quelque 90% d’enfants vaccinés signifient aussi une protection pour les 10% qui ne le sont pas. Se vanter que l’on prouve qu’il est possible de garder les maladies à distance sans recourir à la vaccination – ou aux produits phytosanitaires – relève de l’ignorance ou d’une méconnaissance des faits.
Tous les agriculteurs ont besoin de pesticides
Bien sûr, j’ai un grand respect pour tous ces agriculteurs bio qui, par des méthodes raffinées, gardent des plantes saines et obtiennent de bons rendements. Mais il est toutefois faux d’affirmer, comme on le fait souvent, que l’agriculture bio travaille sans pesticides. Sans compter la protection alentour, un coup d’œil au catalogue des produits phytosanitaires autorisés en culture bio démontre qu’il n’en est rien. Une interdiction totale des pesticides frapperait durement l’agriculture bio aussi.
Dans l’actuelle campagne contre les produits phytosanitaires, ce ne sont pas les agriculteurs bio, mais l’association Bio Suisse, les associations environnementales et leurs porteurs d’eau politiques qui veulent empêcher un débat honnête sur la protection phytosanitaire intégrale et qui font passer des pratiques de culture éprouvées pour des péchés écologiques. Car c’est le contraire qui est vrai: une agriculture productive qui utilise des substances auxiliaires raisonnables protège de précieuses surfaces dédiées à la biodiversité et apporte une contribution essentielle à la protection du climat et de l’environnement. Sans l’agriculture moderne, les rayons des magasins auraient l’air bien vides et bien tristes.
Peter Seiler, Ing. agronome HES, Sarnen (OW).