Selon Felix Herzog, la biodiversité dans l'espace agricole est importante parce que l'agriculture exploite environ un tiers de la surface de la Suisse, des terres arables aux alpages. La menace qui pèse sur la biodiversité se manifeste notamment par le fait qu'environ un tiers des papillons diurnes font partie des espèces menacées. On constate également des changements partiels. Ainsi, les espèces thermophiles ont augmenté en Suisse ces dernières années, tandis que la présence des espèces frileuses a diminué.
Près de 20 pour cent de surfaces de promotion de la biodiversité
Les surfaces de biodiversité sont l'instrument le plus important de la politique agricole en ce qui concerne la biodiversité. Elles ont été introduites en 1993 et constituent depuis 1999, avec les prestations écologiques requises, une condition préalable à l'obtention de paiements directs. Depuis lors, chaque agriculteur doit exploiter des surfaces de biodiversité. Aujourd'hui, cela représente environ 19,3 pour cent de la surface totale et la Confédération a indemnisé cela à hauteur de 443 millions de francs en 2022. On distingue trois niveaux de qualité pour les surfaces de promotion. Pour le niveau Q1, il existe des directives pour l'exploitation. Les prairies ne peuvent par exemple être fauchées qu'à partir d'un certain moment. Au niveau Q2, des mesures axées sur les résultats sont indemnisées et le niveau Q3 se rapporte à des indemnisations pour des projets de mise en réseau dans le cadre desquels les agriculteurs de plusieurs exploitations planifient ensemble l'aménagement de surfaces de promotion de la biodiversité.
Les surfaces de biodiversité apportent des avantages
L’Agroscope mesure la biodiversité à l'aide d'un programme de suivi (ALL-EMA). Il s'appuie sur des points de mesure répartis au hasard sur les surfaces agricoles de tout le pays. La diversité des espèces végétales et animales est enregistrée. Contrairement aux zones de plaine, la biodiversité est plus élevée dans les zones de montagne supérieures. Ce n'était pas le cas auparavant, fait remarquer Felix Herzog. Cela indique qu'il existe un potentiel en matière de biodiversité, notamment dans la région de plaine et dans les cultures. Selon lui, la raison de la perte de biodiversité est l'intensification de l'agriculture. La recherche de l'Agroscope permet de montrer l'utilité des surfaces de biodiversité.
La recherche montre également que les mesures de biodiversité sont plus utiles aux espèces plus répandues. Pour les espèces menacées d'extinction, la protection a toutefois besoin de réserves naturelles dédiées, qui doivent à leur tour être mises en réseau, estime Felix Herzog. Globalement, le monitoring aide à prendre des décisions en connaissance de cause. Quant à la question de savoir si nous disposons de suffisamment de surfaces de biodiversité, Herzog répond : « Nous avons suffisamment de surface dans les régions de montagne et dans les prairies – il faut agir dans les régions de plaine et dans les cultures. » Selon lui, la question qui se pose aujourd'hui est plutôt celle de la qualité. Il s'agit donc d'augmenter l'efficacité de ces surfaces.
ZiBiF veut promouvoir la biodiversité par l'initiative personnelle
Martin Haab, conseiller national et agriculteur, donne un aperçu de la pratique. L'association des agriculteurs zurichois, qu'il préside, a lancé, en collaboration avec la Confédération et le canton, un projet intitulé ZiBiF, qui vise à promouvoir la biodiversité de manière ciblée. Le projet veut promouvoir la gestion de la biodiversité avec des objectifs clairs et plus de liberté. L'accent est mis sur la promotion des connaissances et la responsabilité individuelle des agriculteurs. Selon Martin Haab, le projet part de l'idée selon laquelle la promotion actuelle de la biodiversité se déroule de manière trop schématique. Les agriculteurs n'ont que trop peu de marge de manœuvre. Ils n'ont pas la possibilité de s'écarter des mesures prescrites sur les surfaces. Et la rigidité ne favorise pas forcément la biodiversité.