
Observer - comprendre - améliorer la nature
Le développement d'un nouveau produit phytosanitaire dure des années. Il faut compter plus de dix ans entre l'idée et la commercialisation. Souvent, les chercheurs s’inspirent de la nature. Encore et toujours, l'observation attentive des organismes vivants débouche sur des méthodes innovantes de protection des cultures.
dimanche 5 avril 2020
L'essentiel en bref
- Parfois, c'est la nature elle-même qui fournit les meilleurs produits phytosanitaires.
- En observant la nature, les chercheurs ne cessent de trouver des idées innovantes pour la protection des plantes.
- La Callistemon citrinus, par exemple, a servi de modèle pour un remède efficace contre les mauvaises herbes.
Les produits phytosanitaires doivent exercer une action spécifique et, si possible, cibler uniquement certains parasites ou maladies. Ils ne doivent pas détruire les plantes cultivées et leur application ne doit pas mettre en danger l'être humain et l'environnement. Les chercheurs dans l’industrie doivent respecter des impératifs extrêmement rigoureux. La recherche de nouveaux produits et méthodes pour protéger les plantes est longue et coûteuse. En moyenne, il faut compter 12 ans pour mettre sur le marché une nouvelle substance active. Les coûts de développement atteignent plus de 280 millions de dollars.
Observer
Une source d'inspiration importante pour la science est l'observation des produits et des processus en œuvre dans la nature. Le constat que certaines plantes ne supportent pas le voisinage de certains organismes est à la base de nombreux produits phytosanitaires. En 1977, le chimiste californien Reed Gray découvrit que dans son jardin, aucune mauvaise herbe ou presque ne poussait sous un arbuste ornemental appelé « rince-bouteille » (Callistemon citrinus). La situation ombragée de la plantation n’expliquait pas tout.
Comprendre
Reed Gray préleva donc des échantillons de terre et les fit analyser en laboratoire. Il constata que la plante sécrétait une substance ayant la particularité d’inhiber la croissance d’autres plantes. Des analyses chimiques permirent d’identifier cette substance comme le leptospermon. Chez les autres plantes, il bloque la production de caroténoïdes, qui ont un effet protecteur contre la lumière, effet sans lequel les plantes blanchissent sous l’effet de la lumière du soleil et finissent par dépérir. Un nouveau remède dans la lutte contre les adventices était né.
Améliorer
Seul problème : pour protéger les plantes, de grandes quantités de leptospermon, jusqu'à 9 kilos par hectare, étaient nécessaires. Il aurait fallu cultiver la plante sur d’énormes surfaces pour produire et commercialiser les quantités de substance active nécessaires. En s’inspirant de la structure chimique du leptospermon, les chercheurs se mirent à synthétiser inlassablement des liaisons similaires dont ils étudièrent les propriétés. Onze ans après la première identification du leptospermon par Reed Gray, les chercheurs de Syngenta parvinrent à synthétiser une nouvelle substance active de structure apparentée, la mésotrione. Elle était de 50 à 100 fois plus efficace que le leptospermon et son utilisation ne posait aucun danger. Inspiré du Callistemon citrinus, l’herbicide a été lancé sur les marchés américain et européen en 2001 sous le nom de produit CALLISTO®. Il n'a cessé d'être amélioré depuis lors.
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