Industry research for large-scale sustainability
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01.03.2024

La science crée la confiance

Chère lectrice, cher lecteur,

L’ancien ambassadeur des États-Unis en Suisse voit notre pays comme le « centre de compétence de l’Europe ». C’est le cas en particulier pour la science. Dans le classement des hautes écoles de QS Quacquarelli Symonds, l’EPFZ est la meilleure université d’Europe continentale pour la seizième année consécutive, comme le rapporte Watson. Dans l’actuel classement de 2023, l’EPFZ figure désormais au 7e rang du palmarès international, en progression de deux places.

Les universités suisses jouent les premiers rôles dans la recherche. Elles obtiennent le plus grand nombre de points lorsque l’on considère l’influence de la recherche en comparaison internationale. La Suisse excelle également dans un autre domaine. Elle est en effet la championne mondiale des brevets. En 2022, 9008 demandes de brevets ont été déposées par les entreprises et les instituts suisses auprès de l’Organisation européenne des brevets. La Suisse demeure ainsi le pays avec le plus de demandes de brevets par habitant. En nombre absolu, elle occupe ici aussi la 7e place.

On ne peut que se réjouir de ces brillants résultats. Mais le succès de la science n’est pas gravé dans le marbre. Il doit sans cesse se mériter de nouveau. Cela vaut dans une large mesure aussi pour la confiance de la population dans la science. Selon le Baromètre scientifique suisse 2022, 59% des personnes interrogées accordent une grande ou très grande confiance à la science. « En 2020, au plus fort de la pandémie, la confiance était encore plus élevée », note l’Université de Zurich qui a réalisé l’enquête. Lors de la crise du coronavirus, l’indice de confiance avait grimpé à 67%. Depuis, il atteint des valeurs fleurtant les 60%. La part des Suisses qui ne font pas ou pas du tout confiance à la science est quant à elle faible, de 5% environ.

Les découvertes scientifiques sont à la base du progrès et du succès économique. Elles sont la clé pour résoudre les problèmes, dans la médecine, la production de denrées alimentaires ou la production d’énergie. Dans un article de la NZZ, Mike S. Schäfer et Julia Metag expliquent que selon les sociologues Anthony Giddens et Niklas Luhmann, les sociétés modernes dépendent de prestations de systèmes complexes qu’elles ne peuvent pas comprendre dans leur globalité. La science en est l’exemple par excellence : « Elle est très spécialisée et n’est pas facile à saisir dans sa globalité, y compris pour les chercheurs eux-mêmes. Elle a une influence et des conséquences sur la société et fournit des connaissances relativement solides qui sont à la base de nombreuses décisions individuelles, organisationnelles et sociales. » Les auteurs parviennent à la conclusion que la confiance est nécessaire à la science. « Faire confiance, c’est-à-dire s’en remettre à l’intégrité et à la prévisibilité d’une personne ou d’un système sans pouvoir en fin de compte comprendre ou contrôler complètement ses actes.»

Mais comment la science gagne-t-elle cette confiance ? Une table ronde avec le soutien de Bayer s’est intéressée à la question dans le cadre de la série d’événements « NZZ live ». On en trouve un compte rendu sur le site de swiss-food. La manifestation a révélé qu’une condition importante de la confiance dans la science est la transparence. C’est particulièrement vrai pour les travaux de recherche soutenus par des entreprises privées. Dès qu’elle soupçonne des intérêts économiques, la population devient méfiante. Les entreprises se voient très vite reprocher de chercher à influencer la recherche. Forte de ce constat, Bayer a établi un registre Transparence sur les coopérations externes dans la recherche. Celui-ci contient des informations importantes sur les coopérations scientifiques qui font l’objet de contrats. Monika Lessl, responsable Corporate R&D and Social Innovation chez Bayer, en explique les raisons : « Bayer est une entreprise scientifique. Pour cette raison, l’intégrité et la crédibilité de nos travaux de recherche sont primordiales et ne souffrent aucune discussion. Dans la science, ce sont les faits qui décident, et non pas les personnes qui financent les études. » Autre enseignement du forum: les expériences faites lors de la pandémie, en particulier, ont souligné l’importance d’une communication en continu. C’est ainsi que l’EPFZ a fondé une « Communication Academy » et établi des Lignes directrices sur le conseil en politique. Le Conseil fédéral s’est aussi occupé de la confiance dans la science et de l’utilisation des connaissances scientifiques dans le processus politique. Lors de sa séance du 8 décembre 2023, sur la base des expériences récoltées lors de la pandémie, il a réglementé plus clairement la consultation des milieux scientifiques en cas de crise. Car nul ne conteste l’importance de la science dans la prise de décisions.

En cas de crise, le savoir scientifique est encore plus nécessaire que jamais. D’où la nécessité de réglementer encore plus clairement la répartition des rôles et la communication. Pour cela, un nouveau Code a été élaboré. « Selon ce code, les experts ont la mission d’informer les décideurs politiques de l’état actuel des connaissances et des incertitudes dans leur domaine de spécialité. » De plus, la communication doit être mieux canalisée. « La communication des conseils consultatifs à l’égard de la population incombe à leur présidence, en concertation avec la ChF (Chancellerie fédérale, note de la rédaction) et le département responsable. » Car la politique reste seule responsable de la prise de décisions.

La politique n’a pas le droit d’ignorer les connaissances scientifiques. Sa tâche est de les mettre en balance, même si les résultats des études sont controversés. La science doit de son côté admettre que les connaissances scientifiques se heurtent à des intérêts et à des valeurs dans l’appréciation politique et qu’elles se situent dans un contexte plus large.

Ces derniers jours, Marcel Dettling, agriculteur et président désigné de l’UDC Suisse, a pu vérifier le caractère explosif des déclarations politiques qui touchent au monde de la science. Dans la NZZ am Sonntag, il a déclaré sans ambages que la chaleur n’est pas pour lui déplaire. « Pour les agriculteurs, le réchauffement climatique n’est pas une mauvaise chose. On peut tout à coup faire pousser sous nos latitudes de nouvelles variétés végétales à haut rendement. Et la période de végétation se prolonge. »

Le « Blick » a voulu en avoir le cœur net et vérifié ses déclarations. En titre, le quotidien demande : « Les avantages l’emportent-ils vraiment ? » Interrogé par le Blick, le président de l’Union suisse des paysans, Markus Ritter, se montre plus diplomate. Tout est une question de nuance, allègue-t-il.

De fait, selon l’USP, le changement climatique peut certes aussi avoir des effets positifs sur l’agriculture. Pourtant, à moyen terme, les effets négatifs du changement climatique sur l’agriculture devraient clairement l’emporter, y compris dans le scénario optimiste (protection rigoureuse du climat). C’est ce qui figure dans un rapport de l’USS, révèle le Blick. Au nombre des effets positifs, on peut citer un allongement de la période de végétation et la possibilité de cultiver de nouvelles plantes utiles. Mais il y aussi des effets négatifs : la sécheresse met à mal les pommes de terre, les betteraves sucrières et le maïs et les fortes précipitations menacent les rendements. Dans le Blick, Christoph Carlen, chercheur chez Agroscope, affirme que les exploitations situées en altitude et dans des zones plutôt humides des régions de montagne seraient plutôt avantagées. En tant que paysan de montagne, Marcel Dettling, avec sa ferme située à 1100 mètres d’altitude, a surtout pensé à lui. S’il existe des voix scientifiques pour plaider sa clause, il n’en trouve plus guère s’il considère toute l’agriculture suisse. Tout dépend de la perspective.

Les déclarations de Marcel Dettling ont déclenché une discussion sur les conséquences du changement climatique sur l’agriculture. Il est bien que cette discussion ait lieu. Il importe ensuite de prendre des décisions avisées qui fassent sens pour tous les agriculteurs, qu’ils soient de plaine ou de montagne. Des personnalités politiques peuvent bien entendu exprimer leur avis et donner des impulsions. Globalement toutefois, nous attendons que la politique prenne des décisions durables, y compris dans le temps, en tenant compte des dernières connaissances scientifiques. Dans l’agriculture tout comme dans le reste de l’économie, la sécurité juridique et des conditions-cadre fiables et planifiables sont indispensables.

La rédaction de swiss-food

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