De la molécule au produit phytosanitaire

De la molécule au produit phytosanitaire

Chaque année dans le monde, entre cinq et dix nouveaux produits phytosanitaires sont autorisés. Le développement de nouveaux produits est un travail difficile, cher et qui prend du temps. Il faut compter une dizaine d’années entre la recherche de la bonne substance à l’autorisation du produit pour le marché. Les coûts s’élèvent jusqu’à 280 millions de dollars US. Tout nouveau produit phytosanitaire doit obéir à de strictes exigences. Les procédures d’homologation en vigueur pour les produits phytosanitaires sont comparables à celles des nouveaux médicaments.

vendredi 12 février 2021

L'essentiel en bref

Le développement d’un nouveau produit phytosanitaire prend généralement plus de dix ans.

Les coûts s’élèvent à plus de 280 millions de dollars.

Les nouvelles substances actives sont soumises à une procédure d'approbation stricte afin d'exclure tout risque pour l'homme et l'environnement.

L’agriculture doit relever sans cesse de nouveaux défis. Dès que des produits existants perdent leur efficacité, des voix s’élèvent pour en obtenir de nouveaux. Pour cette raison, l’agrochimie travaille déjà sur les innovations qui serviront à relever les défis de demain. Elle doit anticiper aujourd’hui quels seront les besoins dans dix ans. La sécurité et le respect de l’environnement jouent un rôle central dans la recherche de nouvelles substances actives et la mise au point de nouveaux produits phytosanitaires.


Une aiguille dans une botte de foin

Lorsque l’on développe un nouveau produit pour combattre les ravageurs, on commence par se mettre en quête des substances actives très prometteuses. Cela équivaut à rechercher une aiguille dans une botte de foin. Il n’est pas rare que les biochimistes et les scientifiques analysent plus de 100 000 molécules ou composés moléculaires potentiellement efficaces avant de commercialiser un seul produit bien des années plus tard. Les chercheurs ne succombent en aucun cas à l’arbitraire. Leur recherche suit au contraire une procédure bien établie. Ils utilisent pour cela des programmes de modélisation 3D extrêmement modernes à l’aide desquels les structures moléculaires peuvent être fidèlement modélisées. A l’aide des modèles conçus par ordinateur, les substances actives les plus prometteuses sont synthétisées, autrement dit fabriquées en laboratoire.

Des produits phytosanitaires à l’action toujours plus précise. Vidéo: Syngenta.

Les substances de synthèse sont soumises à toutes sortes de tests qui servent à vérifier leur action et leurs effets secondaires. D’abord en laboratoire, puis en serre sur des plantes cultivées. La première des priorités est de contrôler leurs possibles effets sur l’être humain, la faune et l’environnement. En parallèle, les scientifiques examinent si la substance active est effectivement efficace pour l’application prévue. D’une série de tests à l’autre, de nombreuses substances sont écartées faute de remplir les exigences. Seule une poignée des 30 000 à 40 000 substances de synthèse font finalement l’objet d’expérimentations en plein champ.


La formulation fait le produit

Pour les quelques substances qui ont passé tous les tests avec succès, les chimistes et les analystes s’emploient à trouver la meilleure formulation. La substance à elle seule n’est pas encore un produit phytosanitaire. Le plus souvent, la substance active pure ne peut pas être appliquée directement et son action est insuffisante. Il faut encore trouver la bonne recette, autrement dit la formulation. Les substances actives prometteuses sont combinées avec des adjuvants. Ceux-ci influent sur la tenue d’une goutte du produit sur la feuille de la plante et sur la façon dont elle se répartit sur la feuille et pénètre la plante à travers la couche cireuse de la feuille. La formulation doit par la suite faire ses preuves dans de nouveaux essais en plein champ.


L’homologation, un travail de titan

Avant qu’un nouveau produit phytosanitaire soit mis en circulation, il doit être enregistré par les autorités, soit, pour la Suisse, par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG). Une autorisation de mise en circulation d’un produit n’est délivrée que si l’origine, la composition, l’utilisation, l’efficacité et les propriétés toxicologiques, écotoxicologiques et environnementales ont fait l’objet de contrôles étendus de la part du fabricant selon les critères définis par l’OFAG. Les travaux d’enregistrement et d’homologation ont lieu parallèlement au développement d’un nouveau produit phytosanitaire. Les fabricants mènent plus de 100 études scientifiques de grande ampleur selon des critères de qualité internationaux. Les études sont transmises à l’OFAG dans un dossier d’enregistrement. Elles sont évaluées d’un point de vue scientifique par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) et Agroscope. Le produit n’est homologué et mis en circulation que lorsqu’il est établi que le nouveau produit phytosanitaire n’a aucun effet secondaire désagréable sur l’homme, la faune et l’environnement lorsqu’il est employé conformément aux prescriptions.

Vue d’ensemble de la procédure d’autorisation des produits phytosanitaires en Suisse. Graphique: SECO.
Vue d’ensemble de la procédure d’autorisation des produits phytosanitaires en Suisse. Graphique: SECO.

Du fait des longs travaux de recherche et de la sévère procédure d’homologation, les produits phytosanitaires font partie des substances chimiques les mieux étudiées. Chaque nouvelle substance active phytosanitaire doit subir des séries d’essais et des contrôles des années durant. La recherche vise non seulement à développer de nouveaux produits phytosanitaires, mais aussi à minimiser les effets secondaires indésirables. Afin de servir l’agriculture et les consommateurs du monde entier.

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