Industry research for large-scale sustainability
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27.01.2023

Dans le trou de janvier on aperçoit le développement durable


Chère lectrice, cher lecteur,

Janvier, c’est le mois où les tomates en boîte sont vendues moitié prix. Certes, dans les grandes détaillants les promotions, c’est toute l’année. Celles de janvier sont toutefois particulièrement frappantes. C’est le mois où il n’y a plus rien dans le portemonnaie. Et les consommatrices et consommateurs sont encouragés à épargner « activement ». Y compris sur les fruits et légumes. Soudain, les poireaux sont moins chers ou des promotions nous donnent envie d’acheter des choux de Bruxelles.

Mais anecdote que tout cela, la réalité globale n'est qu'incomplètement reflétée. Selon des prévisions de la Banque mondiale, les prix alimentaires mondiaux devraient se maintenir à un haut niveau. L’une des raisons est à chercher dans les prix élevés des engrais. Ils empêchent que la situation se détende, tout comme les interdictions d’exportation des produits agricoles que des États préfèrent garder pour leurs propres populations. Pour l’alimentation dans le monde, c’est gravissime. Dans son sombre rapport, la Banque mondiale s’inquiète des incidences négatives de la cherté des produits alimentaires sur la santé des enfants pendant leurs premières années de vie.

Lorsque les produits alimentaires coûtent trop cher, une partie de la population ne peut tout simplement plus se nourrir sainement et en suffisance, comme l’a rappelé le Suisse Jakob Kern, chef d’état-major adjoint du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), dans un entretien paru début janvier dans le Tages-Anzeiger. La faim n’apparaît pas seulement lorsque les produits alimentaires viennent à manquer. Elle se manifeste aussi et surtout lorsque les gens n'ont pas les moyens d'acheter la nourriture. En Somalie, le Programme alimentaire mondial soutient 75% de la population non pas par des livraisons de produits alimentaires, mais par des aides financières.

Le prix est déterminant pour l’approvisionnement. Ce qui vaut dans le monde vaut aussi pour les pays riches. En Allemagne, l’année dernière, l’inflation a été alimentée surtout par la hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie. L’explosion des coûts dans l’alimentation animale et l’énergie renchérit toujours plus les produits laitiers, constate «Capital». Le prix du lait bio notamment a pris l’ascenseur. Les consommatrices et les consommateurs y ont été très sensibles, puisque les ventes de lait bio ont chuté de 30%. On en déduit que le niveau des prix est, sous nos latitudes aussi, un facteur important qui influence la demande.

En Allemagne, le vent a tourné. Les prix du lait bio et du lait conventionnel se rapprochent. Pour les agriculteurs bio, ce nivellement est douloureux. Car le supplément de prix fond également. La faillite de l’enseigne de produits biologiques Müller témoigne de l’existence d’une « course vers le bas » dans le bio. Le bio est victime de son propre succès, commente la Basler Zeitung. Mais cette faillite montre aussi que le succès des ventes ne peut être maintenu que si le prix est correct.

Ce qui nous amène au cœur du problème : le développement durable a aussi une dimension sociale. Et une dimension économique. Le prix fait partie intégrante du développement durable. Autrement dit : le développement durable, pris dans son ensemble, tient compte aussi du niveau des prix des produits. En Suisse, la votation de 2021 sur les deux initiatives agricoles a révélé que les votants ne veulent voir les produits agricoles renchérir parce les produits phytosanitaires ne sont plus utilisés. Et selon des sondages, le prix joue aussi un rôle dans l’acceptation des nouvelles méthodes de sélection : 69% des sondés se déclarent favorables aux nouvelles méthodes de sélection si les fruits et légumes obtenus par édition génomique deviennent moins chers.

Une agriculture productive mise toujours sur les meilleures technologies disponibles. « De nombreux écobilans confirment que le glyphosate est souvent la méthode de contrôle des adventices la plus respectueuse de l’environnement », écrit Andreas Hierstein dans la NZZ am Sonntag. Il en veut pour preuve les énormes pertes subies par les producteurs de thé du Sri Lanka à la suite de l’interdiction du glyphosate obtenue par les activistes de l’environnement. Plus grave : l’interdiction des produits phytosanitaires et des engrais a fait plonger le pays dans une crise alimentaire. Selon le rapport de la Banque mondiale, les prix à la consommation des denrées alimentaires ont augmenté dans le pays de 64,4% entre décembre 2021 et décembre 2022. Le gouvernement a dû faire machine arrière. La diabolisation des technologies conduit à une impasse.

La part du bio dans le monde est actuellement de 2%. L’argument selon lequel les gens seraient prêts à payer plus pour des produits plus durables a manifestement du plomb dans l’aile. Car ne peut être durable que ce qui est payable. La consommation atone de janvier et l’attention accrue aux prix des produits agricoles contiennent les germes du développement durable. Car une chose n’est durable que si elle l’est pour tous. Le développement durable dans ses dimensions écologique, économique et sociale tente d’équilibrer les conflits d’intérêts à l’intérieur de cette relation triangulaire. Le développement durable ne se limite pas à l’environnement, tout comme l’efficacité des ressources ne se limite pas aux ressources naturelles, mais tient compte aussi de l’énergie, du travail et du capital.

Le développement durable dans toutes ses dimensions ne peut garantir qu’une agriculture qui minimise les conséquences écologiques et qui, simultanément, ne perd pas de vue la productivité. Il fait appel aux technologies les plus efficaces. Une exploitation intelligente des données améliore l’efficacité de la production agricole. Les données créent aussi la transparence. Elles montrent ce qui a réellement été produit de manière durable. Elles rendent possible ce qui deviendra déterminant dans l’agroalimentaire : « More data, less woke ».


La rédaction de swiss-food

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