Industry research for large-scale sustainability
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17.08.2022

Plus d’ouverture pour faire face à la sécheresse


Chère lectrice, cher lecteur,

Cette année, tout ou presque vient à manquer. Des chaînes de livraison sont interrompues. L’agression de la Russie contre l’Ukraine a entraîné une baisse de l’offre de blé sur les marchés mondiaux. La crainte d’une pénurie de gaz et d’électricité prend de l’ampleur. L’eau aussi se fait de plus en plus rare. Dans de nombreuses régions d’Europe, il n’y a presque pas plu de tout l’été. Le manque d’eau met l’agriculture à rude épreuve. Comme l’écrit la «Frankfurter Allgemeine Zeitung», l’humidité du sol est inférieure à la moyenne sur une grande partie du continent. La Suisse aussi est touchée par la sécheresse. Selon le «Tages-Anzeiger», qui se fait l’écho d’une étude de l’EPFZ et de MétéoSuisse, les étés en Suisse sont devenus de plus en plus secs durant les 40 dernières années.La sécheresse n’est pas due qu’au manque de précipitations. L’évaporation aussi est en cause.

Cela ne va pas sans conséquences sur les rendements agricoles. À Konolfingen, sur l’exploitation de Reto Schürch, 30 tonnes de pruneaux Fellenberg ne peuvent être écoulés par les canaux de distribution traditionnels, car ils sont trop petits. Il manque 4 millimètres. Les pruneaux ne remplissent pas les critères requis pour la vente en magasin. Pour tenter de sauver ce qui peut l’être, l’arboriculteur les propose à la cueillette. S’ils ne trouvent pas preneurs, les pruneaux seront perdus, contribuent aux déchets alimentaires. L'élevage est également touché. En de nombreux endroits, les champs et les prairies sont brûlés par le soleil - le fourrage manque donc. De plus, les agriculteurs ne peuvent plus laisser les animaux à l'extérieur toute la journée en raison de la chaleur. Ils sont ainsi contraints d’entamer les réserves de nourriture de l’hiver.

La lutte contre la sécheresse oblige à s’ouvrir à de nouvelles solutions. Pour que les agriculteurs soient mieux préparés aux épisodes de sécheresse, le Conseil fédéral souhaite mettre en place un système national de détection et d’alerte précoces. Grâce à un réseau de mesure de l’humidité du sol, les agriculteurs seront avertis quelques semaines à l’avance de l’imminence d’une sécheresse. Ils pourront ainsi prendre à temps les mesures qui s’imposent. Le système de veille devrait être opérationnel dès 2025.

La Suisse n’est pas la seule touchée. En Italie, le débit du Pô n’a par moments jamais été aussi faible. La plaine du Pô est l’une des principales régions agricoles de l’Italie. Pourtant, les champs sont desséchés et pareils à des déserts. Il n’est plus tombé une goutte de pluie depuis l’hiver dernier. On estime que 50% des récoltes sont perdues. Il n’est pas possible d’irriguer. L’une des raisons tient au fait que l’eau de la mer pénètre à l’intérieur des terres par le delta du Pô et qu’elle salinise les sols. Les canaux d’irrigation sont inutilisables. L’eau affiche une teneur en sel de 4 grammes par litre, alors qu’elle ne devrait en contenir qu’un gramme au maximum pour dans la production agricole. Avec pour conséquence que les terres cultivées devenues salées ne sont plus exploitables pour l’agriculture. C'est d'autant plus douloureux que les terres arables fertiles font déjà partie des ressources qui se raréfient.

La salinisation des sols est un problème planétaire, contre lequel luttent depuis des années par exemple les populations du delta du Mékong, du Sud de l’Inde ou encore du Bangladesh. La salinisation des sols menace les rizières. Ici aussi, la sécheresse oblige à s’ouvrir à la nouveauté. L’agriculture a besoin de variétés résistantes au sel. En 2006, le Bangladesh Rice Research Institute a réussi, en collaboration avec l’International Rice Research Institute, à cultiver une variété de riz résistante au sel. Elle supporte des teneurs en sel nettement plus élevées que les variétés traditionnelles. Depuis, de nombreuses autres variétés ont été développées, ce qui a permis de faire redémarrer les rizicultures dans le sud du pays.

Des variétés résistantes au sel rendraient aussi de grands services aux agriculteurs de la plaine du Pô. Pour cela, il faut faire de la recherche. Les impulsions peuvent venir tant de la sélection classique que du génie génétique ainsi que des nouvelles techniques de sélection, comme les ciseaux moléculaires : CRISPR/Cas.

La méfiance n’encourage pas le progrès. Pour innover, il faut pouvoir faire appel à toutes les techniques, y compris à la biotechnologie verte. Il est temps de voir dans les nouvelles technologies un atout pour lutter contre le changement climatique et la destruction de l’environnement. Il faut le savoir: Les nouvelles techniques de sélection, telles que l’édition génomique avec CRISPR/Cas, comportent moins de risques que les méthodes traditionnelles. Pour créer des variétés conventionnelles, actuellement on utilise la mutagénèse aléatoire, l'irradiation ou l'ajout de substances chimiques. Ce processus aléatoire entraîne toujours des caractéristiques indésirables dans la plante. Celles-ci doivent être éliminées par rétrocroisement. Les nouvelles techniques donnent un résultat équivalent, mais elles sont beaucoup plus précises et permettent donc d'atteindre l'objectif plus rapidement. Même la sélection végétale traditionnelle repose sur des mécanismes aléatoires. Les nouvelles technologies ne posent donc pas plus de risques que la sélection traditionnelle. Le pionnier du bio Urs Niggli ne dit pas autre chose dans la revue en ligne «Der Pragmaticus»: «Les données sont claires: il n’existe aucune différence entre les nouvelles méthodes de sélection et la sélection croisée classique en ce qui concerne leur impact sur les écosystèmes (agricoles) et sur la santé humaine.»

Depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine, le blé est devenu un thème majeur de préoccupation. Une variété argentine tolérante à la sécheresse semble très prometteuse. Des essais en plein champ avec des plants de soja ayant reçu le gène HB4 du tournesol ont permis un gain de productivité de quelque 10% en comparaison des variétés conventionnelles. En Argentine, une variété de blé résistante à la sécheresse a été commercialisée l’année dernière. Lors d’expérimentations en plein champ, le blé HB4 permettait, en cas de sécheresse, des améliorations de rendement de 20% environ par rapport aux variétés traditionnelles.

Sur swiss-food.ch, nous avons publié il y a déjà quelque temps un article synoptique du professeur de l’EFPZ Achim Walter sur la sélection végétale. L’auteur y rappelle l’importance de la sélection végétale pour notre alimentation quotidienne. La plupart des plantes cultivées que nous connaissons aujourd’hui sont le résultat d’un travail de sélection et ne sont jamais apparues sous cette forme dans la nature.

L’ouverture est aussi de mise en ce qui concerne les méthodes de culture. En combinant l’agriculture et la production énergétique, on fait prendre une nouvelle dimension à la culture mixte. C’est un fait: dans les années à venir, la demande de denrées alimentaires et d’électricité augmentera en flèche. Simultanément, les surfaces libres deviendront de plus en plus rares. Pourquoi donc ne pas exploiter les surfaces agricoles pour produire à la fois de la nourriture et de l’électricité? Pour que vision devienne réalité, il suffirait d’installer des panneaux solaires à quelques mètres au-dessus du sol. Au-dessous, on cultiverait des végétaux qui ont besoin d’avoir un peu plus d’ombre. Les panneaux solaires offrent aussi l’avantage de protéger les végétaux de la grêle ou des fortes précipitations. L’un dans l’autre, l’agrivoltaïque devrait permettre de maximiser l’utilisation des terres. La mise en œuvre de ces propositions passe par un assouplissement des prescriptions. La politique et les autorités doivent faire preuve d’une plus grande ouverture en la matière.

La politique est régulièrement appelée à intervenir pour renforcer la protection de la propriété intellectuelle. Les grandes entreprises ne sont pas les seules à protéger leurs innovations. On le voit dans l’article sur la start-up «Planted» qui produit des substituts de viande. Le succès de l’entreprise repose, entre autres, sur une protection rigoureuse de la propriété intellectuelle.

Nous avons déjà anticipé les conclusions. Pour dompter la sécheresse, il faut pouvoir s’appuyer sur un éventail de mesure. Et il faut se montrer ouvert à de nouvelles approches et à de nouvelles méthodes de protection. À défaut, les chercheurs s’en iront. L’exode des cerveaux aura pour corollaire un tarissement de la recherche. Mais les nouvelles méthodes de culture devront aussi être admises. Les autorités doivent revoir leurs pratiques en matière d’autorisation et d’homologation. Elles aussi doivent se réveiller et s’ouvrir à la nouveauté. Pour répondre aux extrêmes météorologiques et à la pénurie d’eau, tous les leviers doivent pouvoir être actionnés: depuis les variétés résistantes à la sécheresse jusqu’aux panneaux solaires au-dessus des champs.

La rédaction de swiss-food

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