
«Les pesticides sont responsables de la mort des insectes.»
Les pesticides sont régulièrement rendus responsables de la disparition des insectes. Cette affirmation est réductrice. La réalité est bien plus complexe. L’étalement urbain par exemple influence beaucoup plus les populations d’insectes, comme l’atteste une méta-analyse sur la disparition des insectes dans le monde.
samedi 2 novembre 2019
En bref
- Le déclin des populations d’insectes est beaucoup moins grave que prévu. En dix ans, les insectes d’eau douce ont augmenté de 11% en moyenne, pendant que les insectes terrestres ont diminué de 9%.
- Autre évidence, les raisons à l’origine du déclin des populations d’insectes sont multiples.
- Raréfaction des habitats naturels (p.ex. absence d’espaces non construits et/ou de haies); Imperméabilisation des surfaces de toutes sortes (p.ex. constructions et routes); Introduction de substances dans l’environnement (pour le nettoyage et la protection des végétaux); Accroissement des émissions lumineuses (p.ex. éclairage des rues); Hausse du trafic (collisions avec des insectes); Protection insuffisante des biotopes (diminution des zones humides).
Mal utilisés, les produits phytosanitaires peuvent présenter un danger pour l’être humain, l’animal et l’environnement. C’est indéniable. Par contre, rendre les pesticides seuls responsables de la mort des insectes est beaucoup trop simpliste. Plusieurs facteurs importants, qui font peser parfois une menace beaucoup plus grande sur la diversité des espèces, ont été identifiés par la science. Selon une vaste méta-analyse, la diminution des populations d’insectes terrestres n’est certainement pas due qu’à une seule et unique cause.
Le problème du mitage du territoire
Autre révélation de cette étude: les populations d’insectes d’eau douce se sont même accrues de 11%. Sous nos latitudes, les surfaces accaparées par le bâti et les routes constituent probablement une raison importante à l’origine de la disparition des insectes. Le mitage du territoire en Suisse et en Europe progresse fortement. Il fragmente le paysage, mais imperméabilise aussi les sols qui ne peuvent alors plus remplir leurs fonctions essentielles pour les cycles de l’eau et des nutriments. Par ailleurs, la pollution lumineuse qui accompagne l’étalement urbain menace de nombreuses espèces d’insectes. La surface bâtie continue de s’étendre inexorablement, de plus de 30% depuis 1982. Dans le même temps, des terres agricoles et des prairies disparaissent.
L'éclairage
De plus en plus de populations d’abeilles en Europe
Mais l’agriculture moderne peut aussi avoir un effet très positif sur la diversité des insectes. Une étude américaine révèle par exemple que les abeilles domestiques se portent mieux dans les régions dominées par l’agriculture intensive, même lorsque des produits phytosanitaires y sont utilisés. Cela tient au fait que les régions à vocation agricole offrent suffisamment de nourriture et donc un cadre de vie favorable. L’agriculture peut dont très bien favoriser les espèces menacées. Contrairement à toutes les affirmations, selon les chiffres de la FAO, les populations d’abeilles augmentent depuis des années, en Europe aussi. Selon un récent article, le recul des populations d’abeilles domestiques est un mythe.
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