Les brevets font gagner de l’argent aux universités
L’interface avec la pratique est représentée par Erich Bucher, président du Conseil d’administration d’epibreed AG. L’entreprise, spin-off de l’Université de Bâle, dispose des droits exclusifs de commercialisation d’un brevet détenu par l’Université de Bâle. «Notre brevet génère un revenu pour l’Université de Bâle. Lorsque nos activités nous font gagner de l’argent, une partie retourne dans la recherche», explique M. Bucher. Le brevet porte sur une certaine méthode de sélection végétale. La méthode, connue sous le nom de TEgenesis, permet de sélectionner des plantes résistantes à des facteurs de stress, telles l’humidité, la chaleur, la sécheresse, la salinité des sols ou les attaques de parasites. La méthode repose sur le constat que les plantes ont des capacités d’apprentissage. En effet, sur le long terme, les plantes s’adaptent à de nouvelles conditions. Lorsqu’une plante est exposée seulement brièvement à un changement de situation, un gène bloquant l’apprentissage est activé, de sorte que la plante ne s’adapte pas. Avec TEgenesis, le gène qui bloque les capacités d’apprentissage de la plante est contourné. La plante apprend à s’adapter rapidement à une nouvelle situation. Devenues plus résistantes, les plantes sélectionnées ont besoin de moins de ressources, d’eau ou de produits phytosanitaires par exemple. En Suisse, cependant, la méthode TEgenesis entre dans le champ d’application de la loi sur le génie génétique: «Tant que notre invention n’est pas autorisée, nous ne pouvons pas utiliser le brevet», déplore M. Bucher. Pendant ce temps, la durée pendant laquelle l’invention est protégée continue de s’écouler. Pour cette raison, M. Bucher a renoncé à faire breveter ses dernières inventions: «Nous les gardons secrètes, ce qui est regrettable. Contrairement aux règles en vigueur avec les brevets, les connaissances ne sont pas divulguées dans le cas du secret d’affaires. D’autres entreprises ne peuvent ainsi pas développer l’invention.»
Le talk a montré qu’une protection efficace de l’innovation est dans l’intérêt de chacun, de l’EPFZ à la start-up. Cela vaut également dans le domaine agricole. Les brevets et la sélection végétale traditionnelle ne sont pas en conflit. Rien ne changera à cela. Devant la nécessité d’accélérer les capacités d’apprentissage des plantes du fait du changement climatique, les nouvelles technologies gagneront du terrain. Il devient indispensable de se familiariser avec les brevets: les PME aussi doivent apprendre à les utiliser et à exploiter le système à leur avantage.
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