Environnement: l'utiliser et le protéger

Environnement: l'utiliser et le protéger

De nombreuses innovations naissent de l’observation de la nature. Les ressources génétiques servent souvent d’inspiration ou de base pour le développement de nouveaux produits, médicaments et mécanismes d’action. L’agriculture utilise, elle aussi, les cycles naturels, tout en exerçant une influence sur ces derniers. Il est dans l’intérêt des agriculteurs de produire dans le plus grand respect possible de l’environnement.

mercredi 24 novembre 2021

Plusieurs défis sont néanmoins à relever: le manque d’eau, la réduction des terres arables et de la biodiversité et le changement climatique. Une utilisation intelligente des sols grâce aux nouvelles technologies permet de réduire la perte d’eau, les émissions de gaz à effet de serre et la perte de biodiversité. La protection des espaces naturels ne sera efficace que si l’accroissement nécessaire de la productivité agricole peut se faire sur les surfaces déjà existantes.


Intensification durable

L’agriculture est à l’origine de 12 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et contribue ainsi de manière significative au changement climatique. Un problème fondamental est le besoin important en terres agricoles. Le sol dédié à la production alimentaire n’est pas en mesure de stocker autant de CO2 que, par exemple, le sol forestier à l’état naturel. L’élevage et l’utilisation d’engrais azotés contribuent également dans une large mesure aux émissions de gaz à effet de serre. Une chose est sûre: pour nourrir sainement dix milliards d’individus tout en protégeant le climat, il faut intensifier la production de manière durable. Cela signifie produire plus sur des surfaces plus petites. En revanche, l’extensification de l’agriculture nécessite davantage de terres et est problématique pour le climat.


L’innovation pour lutter contre le changement climatique

Pour obtenir des rendements nettement plus élevés sur une surface réduite, les nouvelles technologies sont incontournables. Les innovations doivent servir à minimiser les pertes de récolte. Les nouveaux produits phytosanitaires présentant un profil environnemental plus favorable; les engrais plus respectueux du climat ainsi que les variétés de plantes plus robustes en sont quelques exemples. Le génie génétique vert, et en particulier l’édition génomique, aide à sélectionner rapidement de nouvelles variétés de plantes capables de résister aux conditions environnementales changeantes dues au réchauffement climatique. En revanche, le scepticisme technologique ne nous mènera nulle part. Le blocage de l’homologation de nouveaux produits phytosanitaires plus respectueux de l’environnement et le moratoire sur les OGM nuisent au climat et à l’environnement plus qu’ils ne les soutiennent.


Préserver la biodiversité

Toute production agricole, qu’elle soit biologique ou conventionnelle, constitue une atteinte à la nature. Les terres consacrées aux cultures sont autant d’espace en moins pour les autres espèces. Cela s’applique également à l’agriculture biologique. Par rapport à l’agriculture conventionnelle, elle nécessite environ 40 % de surface en plus pour obtenir le même rendement. S’il est vrai qu’il y a potentiellement plus d’espèces sur les surfaces dédiées à l’exploitation biologique que sur les champs conventionnels, les besoins en surface sont, eux, plus importants. L’avantage s’en trouve réduit à néant. L’extensification de la production n’est donc pas la bonne solution pour préserver la biodiversité. L’intensification durable préserve les espaces naturels et les plantes sauvages qui y poussent et permet de recourir à ces ressources génétiques pour la production alimentaire future et l’innovation.


Une durabilité issue du laboratoire

Pour soulager la nature, il est parfois judicieux de se tourner vers les laboratoires pour la production de certains aliments et substances. D’innombrables exemples prouvent déjà l’utilité des aliments de synthèse. Ainsi, l’acide citrique n’est plus obtenu en pressant des citrons, mais il est produit à grande échelle en laboratoire à l’aide de processus chimiques. Il en ira peut-être bientôt de même pour la viande. Les steaks pourraient alors être «cultivés» dans une boîte de Pétri à partir de cellules souches de bovins et nécessiteraient ainsi moins de ressources telles que la terre, l’eau ou les aliments pour animaux. Cela vaut également pour les produits laitiers qui pourraient être fabriqués «sans animaux» en laboratoire . La durabilité issue du laboratoire constituera une pièce maîtresse du puzzle dans la protection de l’environnement.


Une production respectueuse des ressources dans et à partir de l’industrie de la recherche

Les carburants alternatifs issus de déchets végétaux permettent d’économiser du CO2 sans concurrencer la production de denrées alimentaires. Les arômes peuvent être produits à partir de déchets plastiques: l’économie circulaire gagne en importance. Là où c’est judicieux et durable, les matières premières animales sont remplacées par des matières premières végétales. Il est ainsi possible de produire, par exemple, des ingrédients de parfumerie à partir de canne à sucre fermentée plutôt que d’origine animale. L’industrie de la recherche développe et exploite ses sites de telle sorte que l’état évolutif en termes de sécurité, de santé et de protection de l’environnement soit toujours respecté. Elle cherche à développer et à fabriquer des produits innovants qui peuvent être produits, transportés, utilisés et éliminés de manière plus sûre et plus respectueuse de l’environnement.

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