Industry research for large-scale sustainability
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15.01.2022

Un ventre plein étudie plus


Chère lectrice, cher lecteur,

Cela fait partie des rituels annuels: lors des fêtes de fin d’année, la nourriture revêt une grande importance et en janvier suit la volonté de perdre les kilos engrangés. Ou même d’opérer une réorientation de ses habitudes alimentaires. Les publications des médias encouragent de telles résolutions. Cette année, Coop et Migros ont appelé au «veganuary» dans le premier numéro de leurs magazines respectifs. Cette campagne originaire d’Angleterre invite à renoncer aux produits d’origine animale en janvier. Elle livre également quelques évidences: en réalisant une enquête, Coop a découvert que plus d’un Suisse sur quatre est «substitarien». Concrètement: les alternatives végétales sont de plus en plus prisées en lieu et place de la viande et du lait. Et «SonntagsZeitung» déclare: «Les climatariens arrivent.» En matière d’alimentation, les climatariens ont toujours l’empreinte écologique à l’esprit et ne mangent que ce qui ne nuit pas ou le moins possible à l’environnement.

L’appel à une alimentation saine et à un bilan écologique global responsable en matière d’alimentation est tout à fait justifié. Mais la mise en œuvre est plus difficile. Les obstacles sont nombreux. À quoi ressemble réellement une alimentation saine et durable? C’est une approche basée sur les faits et non une nouvelle religion qui est recherchée. La phrase suivante existe depuis quelque temps: «faire ses courses au magasin bio remplace la visite à l’église.» Gilbert Keith Chesterton, écrivain anglais né en 1874, le formulait ainsi: «Depuis que les hommes ne croient plus en Dieu, ce n’est pas qu’ils ne croient plus en rien, c’est qu’ils sont prêts à croire en tout.» Thomas Ellrott, psychologue de l’alimentation de l’université allemande de Göttingen, résume parfaitement ces mécanismes liés à la nourriture. L’amour ne semble pas le seul à passer par l’estomac, la vision du monde passe elle aussi par la nourriture. Ce que nous mettons dans notre assiette aujourd’hui n’est pas uniquement le résultat d’une analyse objective. Les modes d’alimentation servent de moyen de différenciation morale. Selon lui toujours, l’alimentation renforce la construction identitaire. Et donc, d’un point de vue psychologique, l’achat de produits bio et le renoncement à la viande sont au service d’une supériorité morale. «Plenus venter non studet libenter» ou en allemand «On étudie mal lorsque le ventre est plein» ne s’applique pas ici. Bien au contraire: bien nourris en télétravail, nous réfléchissons beaucoup à notre alimentation.

Tout le monde ne peut toutefois pas se permettre d’acheter des produits écologiques et de substitution onéreux. C’est ce dont Cem Özdemir, le ministre allemand de l’agriculture, a dû faire l’expérience lorsqu’il a demandé une hausse des prix pour les denrées alimentaires: les organisations sociales et les bénéficiaires Hartz IV redoutent une pression supplémentaire sur les pauvres. Le numéro «Veganuary» du magazine Coopération le prouve également en dernière page avec ses «Promotions de la semaine». «Impossible de renoncer totalement à la viande», souligne «SonntagsZeitung». «Des blancs de poulet slovènes à prix fortement réduit et du bœuf haché autrichien à moitié prix sont proposés.» Et nous arrivons là à un point important: une alimentation durable et globale n’est possible que si tous les critères pertinents sont pris en compte. L’aspect social en fait partie. Si la durabilité est un luxe, elle ne peut être globale. Une durabilité globale englobe les dimensions écologique, économique et sociale.

C’est complexe. Les réponses simples sont souvent erronées. L’attitude personnelle et les habitudes culturelles déterminent également le menu. Comme le rapporte foodaktuell, les consommatrices et les consommateurs ont un avis souvent négatif à l’égard des produits végétariens. Beaucoup pensent à tort que le tofu et les saucisses végétariennes sont moins écologiques et moins sains que la viande. Migros retire les sauterelles de son assortiment en raison de la faible demande. La majorité des clientes et des clients n’ont pas eu l’eau à la bouche en pensant aux insectes. Et le «Washington Post» attire ces derniers jours l’attention sur le fait que le poisson en conserve peut être très sain en raison de ses acides gras oméga-3. Un remède contre l’hypertension et les inflammations. Les conceptions culturelles – notamment contre la nourriture en boîte ou les plantes enrichies en micronutriments – constituent un obstacle et peuvent tromper.

En janvier, les économies sont également de mise. Dans ce contexte, la gestion du réfrigérateur et des tiroirs à provisions est de rigueur. En effet, le gaspillage alimentaire nuit à l’environnement et au porte-monnaie. Des informations utiles à ce sujet sont disponibles. Tous les aliments dont la date de péremption est dépassée ne doivent pas être jetés à la poubelle. Dans une fiche d’information, un groupe de travail constitué de représentants de la science, d’organisations caritatives et du secteur alimentaire indique combien de temps un aliment peut être consommé sans risque au-delà de sa date de péremption. Un yogourt peut être consommé 14 jours après sa date de péremption.

Mais aucune réponse n’est apportée à la question du style d’alimentation idéal. Outre «SonntagsZeitung», le site romand «Heidi.news» s’est récemment penché sur cette question. Les climatariens sont-ils sur la bonne voie, eux qui, comme le simplifie «SonntagsZeitung», mangent tout ce qui est bon pour la planète? À savoir une petite quantité de viande, de sucre, de céréales raffinées et d’aliments transformés, une consommation modérée d’œufs, de volaille et de produits laitiers et beaucoup de légumes, de fruits, de céréales complètes, de fruits à coque et de poisson. Concernant les implications écologiques de la nourriture, les deux articles se réfèrent au rapport EAT-Lancet, déjà compilé par swiss-food. Une chose est sûre: si l’on souhaite avoir plus de produits végétaux tels que des fruits et des légumes dans «l’assiette du monde», il faut aussi disposer des outils de culture adéquats. Les solutions numériques, toutes les forme de protection phytosanitaire, les nouveaux engrais et les nouvelles méthodes de culture telles que l’édition génomique en font partie. Le changement climatique va modifier la culture des plantes dans le monde entier et la rendre plus difficile dans de nombreux endroits. Si les agriculteurs doivent produire davantage dans ces conditions, ils ont besoin de toute la gamme d’outils disponibles. Les systèmes alimentaires efficaces en termes de ressources dépendront également de solutions de laboratoire et de protéines alternatives telles que les algues, les insectes ou la viande de culture. Pour résumer: les technologies innovantes sont incontournables.

L’alimentation du futur doit garantir à tous l’accès aux nutriments nécessaires et être saine pour la planète. Cités par «Heidi.news», les auteurs du livre Une écologie de l’alimentation de la «chaire Unesco Alimentations du monde» rappellent que l’un des défis majeurs que rencontre la transformation des systèmes alimentaires réside dans la difficulté d’inclure dans le dialogue différents groupes sociaux et culturels. Il est inacceptable que les personnes qui n’ont pas les moyens de s’offrir une alimentation équilibrée et durable soient oubliées et ignorées. Autrement dit: celles qui ont le ventre plein ne doivent pas seulement se soucier de leur propre bien-être, mais penser aux autres.

swiss-food.ch s’intéressera à ces questions cette année. Une alimentation respectueuse de l’environnement et du climat requiert une gestion durable à tous les niveaux de la chaîne de valeur de la production alimentaire. De l’agriculteur aux consommateurs, en passant par l’industrie de transformation et le commerce. Le mois de janvier à lui seul ne suffit pas. Une évolution constante sur une longue période est nécessaire.

Nous vous souhaitons tout le meilleur et d’agréables moments pour cette nouvelle année.


La rédaction swiss-food

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