
Le génie génétique ? Oui, bien sûr.
En tant que consommateur, on l'ignore souvent : des produits annoncés comme sans OGM en contiennent depuis longtemps. Les opposants au génie génétique s'en offusquent. Mais il est plus facile de passer le « scandale » sous silence – car quelque chose que nous mangeons depuis longtemps ne nous fait plus peur.
lundi 11 août 2025
« Sans OGM un gage de qualité », titre Martina Munz, conseillère nationale et initiatrice de l'initiative pour la protection des denrées alimentaires, lors de la 15e journée des consommateurs Migros du 4 septembre 2024. L'initiative « pour la protection des denrées alimentaires », lancée la veille, exige que toutes les formes de génie génétique soient déclarées sur les denrées alimentaires : « Quiconque met en circulation des organismes génétiquement modifiés doit les désigner [...] comme tels », selon le texte de l'initiative.
Mutations dues à la radioactivité et aux produits chimiques
« Les deux principales techniques génétiques traditionnelles utilisées dans la sélection végétale sont la mutagénèse classique et la transgénèse », peut-on lire dans un communiqué du Conseil fédéral annonçant une loi spéciale sur les nouvelles méthodes de sélection en Suisse. En effet, la radioactivité ou les produits chimiques permettent de déclencher un nombre énorme de mutations aléatoires – inconnues dans le détail – dans le patrimoine génétique. De plus, de telles techniques de mutagénèse sont utilisées depuis plus de 50 ans dans la sélection végétale et font l'objet d'un développement constant.
En juillet 2018, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a également décidé que la mutagénèse par rayonnement ou par produits chimiques conduisait à un « organisme génétiquement modifié » (OGM). Depuis lors, de telles plantes sont certes également considérées comme du « génie génétique », mais elles sont néanmoins exemptées de toutes les dispositions prévues à cet effet. En particulier, leur étiquetage n'est pas nécessaire, ni dans l'UE ni en Suisse. La mutagenèse par irradiation ou la mutation chimique sont des « techniques génétiques légalement autorisées » dans l'UE et en Suisse.
Une vérité dérangeante pour tous ceux qui rejettent les OGM
Les consommateurs l'ignorent généralement, mais même les produits présentés comme « sans OGM » contiennent depuis des décennies des organismes génétiquement modifiés. Il en va de même dans notre pays voisin, l'Autriche. Là aussi, des aliments génétiquement modifiés se retrouvent dans nos assiettes depuis des décennies, comme le rapporte ORF-Spezial. De nombreuses plantes, comme presque toutes les variétés de blé dur, ont été créées à l'aide de cette technique de sélection. Cela concerne plus de 3000 variétés, dont certaines sont même cultivées dans l'agriculture biologique.
Le journaliste scientifique Ludger Wess le résume ainsi sur swiss-food.ch : « Sans génie génétique, rien ne fonctionne ! ». Que ce soit dans les aliments, les produits cosmétiques ou la médecine, le génie génétique fait depuis longtemps partie de notre quotidien.
Il en va tout autrement des nouvelles techniques telles que les ciseaux génétiques CRISPR/Cas. Bien qu'elles reposent sur des mutations individuelles et bien connues, elles font l'objet d'un moratoire absolu en Suisse et même la recherche est restreinte.
Les experts du monde entier reconnaissent son énorme potentiel. Le célèbre agronome Urs Niggli souligne également dans une tribune publiée dans la « NZZ » les possibilités révolutionnaires offertes par cette technique : « Les ciseaux génétiques révolutionnent également la protection biologique des plantes. » En améliorant la résistance des plantes, CRISPR-Cas9 peut en effet contribuer à des méthodes de culture plus durables.
L'éclairage
Le mythe du sans OGM
Martina Munz, co-initiatrice de l’initiative populaire fédérale «Pour des aliments sans organismes génétiquement modifiés (initiative pour la protection des aliments)», n'en a pas fait mystère lors de la conférence des consommateurs de Migros : « De mon point de vue, la mutagénèse est du génie génétique et doit être réglementée en tant que telle ». Ainsi, la mutagénèse classique devrait également être déclarée comme génie génétique. Les opposants invétérés au génie génétique considèrent donc également ce « génie génétique autorisé » comme une épine dans le pied.
En effet, le texte de l'initiative pour la protection des denrées alimentaires suit exactement la définition qui, selon la CJCE et l'interprétation des autorités suisses, comprend également la mutagénèse classique : « Les organismes génétiquement modifiés sont des organismes dont le matériel génétique a été modifié d'une manière qui ne se produit pas dans des conditions naturelles par croisement ou recombinaison naturelle ». Le texte de l'initiative exige ainsi un étiquetage pour tous les organismes génétiquement modifiés – y compris ceux issus de la mutagénèse classique.
Mais la mutagénèse classique par la radioactivité ou les produits chimiques n'est pas encore apparue dans les campagnes à grand impact public contre le génie génétique. Il est plus facile de passer le « scandale » sous silence. Car quelque chose que nous mangeons depuis longtemps ne nous fait plus peur. De plus, il devrait être difficile de trouver des majorités pour déclarer désormais des milliers d'aliments éprouvés comme des OGM – ou même de leur attribuer le symbole de radioactivité ou d'alerte chimique.
L'agriculture entre science et marketing
La charte Stratégie qualité de l'agriculture suisse insiste sur ce point : l'agriculture suisse renonce à « l'utilisation d'organismes génétiquement modifiés ». Le moratoire sur le génie génétique, qui existe depuis longtemps, suggère la même chose dans le langage populaire. Comment cela est-il compatible avec le fait que des plantes génétiquement modifiées prospèrent depuis des années dans les champs et les assiettes suisses ?
L'émission Eco Spezial de l'ORF, intitulée : L'agriculture entre science et marketing, apporte une réponse à cette question. Depuis que l'homme cultive, il modifie l'ADN de ses semences. Mais sans connaissances techniques préalables, nos plantes cultivées semblent elles aussi « naturelles ». C'est le consommateur qui décide en fin de compte de l'efficacité des affirmations marketing. Souvent, les consommateurs sautent sur les affirmations qui visent le naturel et rejettent la technique.
Une chose est claire : le mythe de « l'agriculture suisse sans OGM » est indéfendable d'un point de vue scientifique (et juridique). Lorsque les mythes s'effondrent, cela peut être douloureux pour ceux qui les ont entretenus. Et cela tombe mal pour les initiateurs qui doivent admettre que leur demande d'étiquetage concerne les aliments que nous consommons tous les jours...
Sources
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